Qui a peur du grand méchant «darknet»?

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Sur la page web consacrée au reportage «Darknet: la face cachée du Net» diffusé vendredi 14 novembre sur France 2 dans l’émission Envoyé spécial, le «pitch» donne le ton :

«On y trouve de tout: drogues, armes, numéros de cartes de crédit. En toute liberté et dans l’anonymat total.»

Avant d’ajouter, histoire de rétablir un peu la balance: «Mais c’est de là aussi que peuvent agir les cybermilitants traqués par les dictatures.»

Si l’Internet est aujourd’hui, pour le député PS Malek Boutih, «une sorte de Far West» où s’exprimeraient «les pires pulsions» – comme il était hier pour l’UMP Frédéric Lefebvre un repaire pour «les psychopathes, les violeurs, les racistes et les voleurs», ou pour Jacques Séguéla «la pire saloperie qu’aient jamais inventée les hommes» -, alors «le darknet» en constituerait les bas-fonds, une terra incognita quadrillée de ruelles obscures, plus coupe-gorge que coin tranquille. Du pain béni pour les reportages en mode gonzo et les récits sensationnalistes façon «j’ai rencontré un trafiquant d’armes».

«Quelle part de réalité, quelle part de boursouflure journalistique?», interrogeait récemment Daniel Schneidermann sur @rrêt sur images, pronostiquant au sujet «un bel avenir de mythologie terrifiante». Comme souvent sur le réseau, pour déconstruire un fantasme – qui contient par définition sa part de vérité -, il faut commencer par les tuyaux et les machines. Et se poser les questions dans l’ordre.

1. «Le darknet» existe-t-il?

Techniquement, non: il n’y a pas un darknet mais des darknets, autrement dit des réseaux privés anonymes construits entre pairs de confiance, «d’ami à ami» (friend to friend). Ce type de réseau peut être mis en place par un tout petit nombre d’utilisateurs, ou par une communauté plus large, par exemple à l’aide de logiciels comme Freenet, Retroshare ou GNUnet, et sert le plus souvent au partage de fichiers et à la communication.

Parler «du darknet» comme (…) Lire la suite sur Slate.fr

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