La cybercriminalité au menu des discussions Xi-Obama

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WASHINGTON (Reuters) – Pour sa première visite officielle aux Etats-Unis depuis son accession à la présidence chinoise en mars, Xi Jinping rencontrera son homologue américain Barack Obama dans un contexte informel, sans précédent dans les relations entre les deux pays.

Les deux présidents se rencontreront les 7 et 8 juin dans l’Etat de Californie.

Le choix de la résidence présidentielle de Sunnylands, près de Palm Spring, célèbre lieu de villégiature en Californie, n’empêchera cependant pas les chefs d’Etats d’aborder les deux principaux sujets de tension entre la Chine et les Etats-Unis.

Les conseillers de Barack Obama ont prévenu que le président comptait demander des comptes quant aux cyberattaques venues de Chine contre des cibles américaines, alors que le Pentagone a pour la première fois accusé officiellement Pékin de prendre ses réseaux pour cible, au début du mois.

“Le président veut avoir à huis clos une conversation directe et sans concession avec Xi Jinping sur nos principales préoccupations”, a dit un responsable américain au sujet de la cybersécurité.

Le responsable a ajouté que Barack Obama ne se contenterait pas de la “protestation pour la forme” habituelle de la Chine, qui se dit également victime de cyberattaques d’origine étrangère.

De son côté, Xi Jinping devrait relayer le mécontentement chinois quant à la stratégie, dite du “pivot”, de réorientation de la politique étrangère et de la présence militaire des Etats-Unis vers l’Asie-Pacifique.

Chuck Hagel, secrétaire américain à la Défense, a réaffirmé samedi, à l’occasion du Sommet sur la sécurité ‘Shangri-La’, à Singapour, la volonté des Etats-Unis de perpétuer cette stratégie malgré les coupes dans le budget du Pentagone.

ÉGAL À ÉGAL

“Les Etats-Unis ont la stabilité comme principal objectif, mais dans les faits, ils créent de l’instabilité”, regrette Shen Dingli, spécialiste des affaires internationales à l’université Fudan de Shanghai, à propos de la stratégie du pivot.

Pour Xi Jinping, la rencontre est l’occasion de montrer, auprès de la classe dirigeante et de l’opinion chinoises, sa capacité à négocier d’égal à égal avec le président américain, alors que Pékin appelle de ses voeux une nouvelle “relation entre grandes puissances”.

Un succès diplomatique serait également bienvenu pour Barack Obama, quelques mois après sa réélection, alors que son bilan en matière de politique étrangère est alourdi par le manque de présence des Etats-Unis sur le dossier de la guerre civile syrienne.

Malgré ces enjeux, les observateurs estiment que cette première rencontre pourrait augurer de rapports personnels plus chaleureux entre les deux chefs d’Etat, alors que Hu Jintao, prédécesseur de Xi Jinping, était connu pour sa froideur.

“On est en mesure d’approfondir un dialogue stratégique et de renforcer la confiance dans cette relation, d’une manière qui n’a pas été expérimentée depuis très très longtemps”, souligne Jon Huntsmann, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Chine.

Rien ne sera pour autant laissé au hasard, malgré l’aspect informel de la rencontre. Les deux parties sont par exemple toujours en désaccord sur l’éventualité d’une conférence de presse commune, ce qui est la règle quand Barack Obama se déplace à l’étranger.

Julien Dury pour le service français, édité par Hélène Duvigneau

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