Apple accusé de « double discours » sur la vie privée et d’être trop conciliant avec le régime chinois

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Apple est-il trop conciliant avec le régime de Pékin ? La question fait débat, depuis une enquête, publiée le 17 mai par le New York Times. Le quotidien américain y accuse le fabricant de l’iPhone de « mettre les données de ses utilisateurs en danger » en les stockant sur le territoire chinois, et d’« aider la censure gouvernementale dans la version chinoise de son magasin d’applications App Store ». Apple a réagi en affirmant que « beaucoup des informations de cet article sont fondées sur des informations incomplètes, erronées ou dépassées ». Mais les ONG de défense des droits humains ne désarment pas et accusent l’entreprise de « double discours » : « Ces révélations ridiculisent l’image de chevalier blanc de la vie privée d’Apple », dénonce Yaqiu Wang, de Human Rights Watch.

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« C’est un peu outrancier pour­ ­Apple de se draper dans les valeurs des droits de l’homme comme marque de distinction, étant donné la position dans laquelle l’entreprise choisit de rester vis-à-vis de la Chine », ajoute Nicholas Bequelin, d’Amnesty International, citant « la participation à la censure et le fait que les données des utilisateurs chinois soient si vulnérables à une intervention étatique ».

« Ces révélations ridiculisent l’image de chevalier blanc de la vie privée d’Apple », Yaqiu Wang, de Human Rights Watch

Concrètement, Apple applique la « loi de cybersécurité de la République de Chine » : voté en 2016, ce texte oblige les entreprises à stocker sur le territoire chinois les données des utilisateurs du pays. C’est donc le cas des e-mails, ­messages, agendas ou photos que les clients chinois d’Apple sauvegardent sur le service iCloud. Ceux-ci sont hébergés sur des serveurs contrôlés par une entreprise étatique chinoise, Guizhou-Cloud Big Data (GCBD), explique le New York Times.

« Nous nous conformons à la loi, mais nous ne faisons pas de compromis sur la sécurité des utilisateurs, se défend Apple. Nous conservons le contrôle des clés de chiffrement des données de nos utilisateurs. » Rien ne prouve que l’Etat chinois accède directement à ces données chiffrées. Mais, pour M. Bequelin, « il est difficile de prendre les garanties d’Apple pour argent comptant », en raison du stockage des clés de chiffrement en Chine et des « dispositions juridiques toutes puissantes » de la loi. Le « contrôle physique » des serveurs par le gouvernement est une « menace fondamentale », dit Mme Wang.

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