Alcatel supprime 10.000 postes pour réduire ses coûts

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par Gwénaëlle Barzic

PARIS (Reuters) – Alcatel-Lucent a confirmé mardi son intention de réduire ses effectifs mondiaux de 10.000 postes, dont environ 900 en France, dans le cadre de son nouveau plan stratégique qui doit lui permettre d’économiser un milliard d’euros d’ici 2015.

Les suppressions d’emplois, présentées dans la matinée aux organisations syndicales, toucheront toutes les zones géographiques. Elles se traduiront par la fermeture d’un site sur deux de l’équipementier télécoms dans le monde.

Ces nouvelles coupes, qui représentent près de 15% des effectifs du groupe, font partie de la stratégie dévoilée par la nouvelle équipe de direction en juin pour repositionner la société en difficulté sur les segments porteurs des réseaux IP (internet protocol) et l’accès au très haut débit.

“Nous avons engagé le plan Shift pour permettre à Alcatel-Lucent de retrouver un avenir industriel durable. Pour réaliser ce plan, nous devons prendre des décisions difficiles”, déclare dans un communiqué Michel Combes, le troisième dirigeant à tenter de remettre sur les rails la société née de la fusion du français Alcatel et de l’américain Lucent en 2006.

Alcatel-Lucent, dont les effectifs ont déjà fondu de plus de 78.000 en 2010 à 68.000 aujourd’hui après plusieurs restructurations successives, prévoit de supprimer 15.000 postes d’ici la fin 2015 mais d’en créer parallèlement 5.000.

En France, environ 900 postes pourraient être supprimés dès 2014, précise Alcatel-Lucent dont le siège est situé en France et qui emploie 8.300 personnes dans le pays.

“La situation est grave”, reconnaît-on de source gouvernementale. “Ce n’est pas un choc imprévu de type PSA, cela fait plusieurs années que les choses n’allaient pas bien et n’avaient pas nécessairement été traitées comme il le fallait, mais là il y a un côté remède de cheval qui est extrêmement douloureux.”

“Ils investissent aussi pour relancer la machine”, note-t-on de même source en évoquant le volet création d’emplois du plan.

Les syndicats, qui s’attendaient à des annonces difficiles, ont été surpris par les projets de fermeture de plusieurs sites.

Toulouse et Rennes, qui emploient respectivement 100 et 110 personnes, devraient être fermés rapidement. Trois autres implantations du groupe à Eu (Seine-Maritime), Ormes (Loiret) et Orvault (Loire-Atlantique) ont vocation à être cédées d’ici 2015, Alcatel ayant l’intention de concentrer ses activités sur les sites de Villarceaux (Essonne) et Lannion (Côtes-d’Armor).

PLAN DE LA DERNIÈRE CHANCE

“C’est notre sixième plan de dégraissage depuis 2007. On était 12.000 en France en 2007, on est aujourd’hui 8.000 et on va être 6.000 après, donc c’est 50% de l’effectif qui aura été viré en France”, a déclaré à Reuters Hervé Lassalle, délégué CFDT d’Alcatel-Lucent en France.

“C’est un paradoxe au moment où on nous parle de numérique à tout va, d’investissements d’avenir. Il faut que le gouvernement soit cohérent et qu’il demande à Alcatel de faire attention à ce qu’il fait en France”, a-t-il ajouté.

Des débrayages étaient en cours dans la matinée sur les sites d’Eu et d’Orvault et les syndicats devaient se concerter pour décider d’éventuelles mobilisations.

En Bourse, l’action Alcatel-Lucent s’adjuge 1,45% à 12h10 à 2,93 euros alors que l’indice SBF120 cède 0,4%.

“Les réductions de coûts massives vont être bien reçues par les investisseurs qui pensaient que les activités d’Alcatel en France ne pouvaient pas être restructurées”, commente un trader basé à Paris.

A l’issue du Plan Shift, qui prévoit également un milliard d’euros de cessions d’actifs, les effectifs du groupe devraient être ramenés à environ 58.000, une cure d’amaigrissement que plusieurs de ses concurrents ont toutefois déjà entrepris il y a plusieurs années à l’image de Nokia-Siemens Networks .

Outre la concurrence des groupes asiatiques, le groupe franco-américain, qui est sorti du CAC 40 en 2012, souffre d’être plus petit que ses principaux concurrents Ericsson, Huawei et NSN, avec une gamme de produits trop large et une trop forte consommation de cash.

Depuis 2006, Alcatel-Lucent a perdu de l’argent lors de tous ses exercices à l’exception de 2011 et a été acculé fin 2012 à gager ses brevets pour pouvoir obtenir un prêt.

“Tout le monde reconnaît que c’est le plan de la dernière chance”, a souligné Michel Combes dans le journal Le Monde.

Depuis son arrivée le 1er avril et la présentation du plan Shift, le titre a toutefois retrouvé des couleurs. Il affiche un bond de 192% depuis le début de l’année.

Avec Julien Ponthus, Gilles Guillaume et Blaise Robinson, édité par Dominique Rodriguez

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