Si Facebook était un pays, ce serait une quasi-dictature et il serait temps que nous nous en préoccupions

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Après avoir appris que la société Facebook avait mené une étude sur un certain nombre de “cobayes”, la toile s’est enflammée : un demi-million d’utilisateurs écrivant en anglais ont été soumis à un “mur” d’actualité manipulé, visant à provoquer des émotions négatives ou positives et à les observer.

Atlantico : Le comparatif est toujours facile, mais en quoi la référence à Big Brother peut-elle trouver son sens dans la récente affaire d’espionnage des émotions internautes par Facebook ?

François-Bernard Huyghe : Dans le roman d’Orwell “1984”, Big Brother exige que chaque citoyen soit bien conscient qu’il est observé et peut être puni. Ce système vise à ce que chacun, se sachant surveillé à chaque seconde, n’ose même pas esquisser le projet d’une révolte ni imaginer une volonté autonome. Google ne nous menace pas ni ne nous impose de discipline. Au contraire, c’est notre désir qui l’intéresse : plus les consommateurs que nous sommes sont prévisibles, plus ils peuvent générer de profit.

Les connaître en croisant de multiples données, c’est déjà un atout commercial énorme. Si, en plus, il est possible manipuler leur humeur et les mettre dans les prédispositions désirées – en leur présentant une environnement d’informations stimulantes ou déprimantes sans qu’ils en soient conscients -, ils deviennent non seulement prévisibles, mais aussi influençables plus sûrement que par le vieux marketing ou la vieille publicité.

Connaissance de la vie intime, censure systématisée de certaines publications, absence d’organes de contrôle indépendants… jusqu’où peut-on aller dans le comparatif avec un régime politique intrusif, proche de la dictature ?

Là encore, il s’agit de deux logiques différentes. Une dictature espère nous rendre interchangeable donc disciplinés. Une grande compagnie du Net comme Google agit à notre insu en nous persuadant que nous sommes tous différents, que nous vivons dans un monde (…)lire la suite sur Atlantico

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