Qu’est-ce que ToTok, l’appli émiratie retirée par Google et Apple ?

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L’application mobile de messagerie a été supprimée des magasins d’applications de Google et d’Apple après l’apparition de soupçons d’espionnage des utilisateurs.

C’est une application mobile de messagerie développée par une société des Emirats arabes unis, “Breej Holding”. Son nom ? ToTok. Cette appli a été supprimée des magasins d’applications de Google et d’Apple lundi soir après l’apparition de soupçons d’espionnage des utilisateurs. 

Le New York Times a en effet publié une enquête accusant les services de renseignement émiratis d’avoir un accès direct aux messages et aux conversations vidéos échangées sur ToTok, ainsi qu’aux données de géolocalisation, à la liste de contacts, aux caméras, micros et calendrier du téléphone. ToTok suit en effet la position des utilisateurs grâce à la géolocalisation, sous couvert d’offrir des prévisions météorologiques précises. Il recherche de nouveaux contacts chaque fois qu’un utilisateur ouvre l’application, sous prétexte d’aider à se connecter avec ses amis. 

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Selon le Times, ToTok serait en réalité une société de façade de DarkMatter, une firme de cyber-renseignement et de piratage liée au gouvernement émirati. Un rapport du renseignement américain cité par le Times lierait aussi ToTok à Pax AI, une société d’intelligence artificielle dont le siège est dans le même immeuble que l’agence d’écoute des Emirats arabes unis, à Abou Dhabi.  

Des précieuses informations sur les dissidents politiques

Comme le note Les Echos, au lieu de payer des hackers comme le font d’autres Etats, Abou Dabi pouvait ainsi récupérer via ToTok, avec sa galaxie de données, de précieuses informations sur d’éventuelles formes de dissidences politiques.  

Si les dirigeants des Emirats arabes unis, l’un des alliés les plus proches des Etats-Unis au Moyen-Orient, vantent leur pays comme un exemple d’une nation arabe moderne et modérée, cet Etat a toutefois été à l’avant-garde de l’utilisation de la technologie de surveillance pour réprimer la dissidence interne, rappelle le New York Times. Le gouvernement émirati restreint en effet l’accès aux messageries comme WhatsApp et Skype, une réalité qui a rendu ToTok particulièrement attrayant dans le pays.  

Dans un message publié lundi sur son site internet pour répondre à des “rumeurs”, ToTok ne dément aucune de ces accusations portées par le New York Times, et parle essentiellement de son succès récent.  

Une application lancée cet été et devenue populaire

Apple a indiqué que ToTok ne serait plus téléchargeable pendant que la firme étudiait la situation. Les personnes ayant déjà installé ToTok sur leurs smartphones peuvent cependant continuer à l’utiliser. ToTok a confirmé ne plus être disponible sur l’Apple Store et le Google Play Store, attribuant cette indisponibilité à “un problème technique”. 

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L’appli lancée le 31 juillet dernier, comme le précise Numerama, est récemment devenue populaire, particulièrement au Moyen Orient, et commençait à être beaucoup téléchargée en Amérique du Nord et en Europe. Huawei, le géant chinois des télécommunications, avait récemment promu ToTok dans les publicités. 

ToTok, dont le nom ressemble fortement à celui de l’application chinoise TikTok, lancée en 2017, était assez classique dans sa forme et empruntait beaucoup au design de WhatsApp avec son design blanc et sobre, un chat avec des petites bulles vertes et une confirmation de lecture. Elle insistait sur la possibilité de passer des appels vidéo en HD. 


ToTok semble avoir été relativement facile à développer, précise le New York Times. Il semble qu’il s’agisse d’une copie d’une application de messagerie chinoise offrant des appels vidéo gratuits, YeeCall, légèrement personnalisée pour le public anglais et arabe.  

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