Procès Apple-Epic Games : le géant californien ne pourra plus imposer son système de paiement aux éditeurs de jeux vidéo

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C’est un petit séisme dans l’univers des jeux vidéo et des applications mobiles. Le géant californien des technologies ne pourra plus imposer aux éditeurs d’utiliser son système de paiement au sein de leurs applications, a décidé vendredi 10 septembre une juge américaine, dans le cadre du procès qui opposait Apple à l’éditeur du jeu Fortnite, Epic Games.

Elle n’a en revanche pas estimé que le fabricant de l’Iphone exerçait un monopole illégal. « Apple ne détient pas de monopole sur le marché des transactions dans les jeux mobiles », a tranché la juge, Yvonne Rogers. « La Cour a déterminé qu’Apple jouit d’une part de marché considérable, supérieure à 55 %, et des marges de profits extraordinairement élevées, mais ces facteurs ne suffisent pas à prouver une infraction au droit de la concurrence. Le succès n’est pas illégal », a-t-elle expliqué.

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Mais « le comportement d’Apple est anticoncurrentiel » quand le géant californien empêche les développeurs de rediriger les consommateurs vers leurs propres sites Web et moyens de paiement, a-t-elle ajouté. Epic Games, comme de nombreux autres petits et grands éditeurs d’applications mobiles, accuse Apple d’abuser de sa position dominante, en prélevant des commissions trop élevées sur les dépenses des clients et en leur imposant l’App Store comme intermédiaire obligatoire entre eux et leurs utilisateurs.

Epic Games fait appel de la décision

En août 2020, l’éditeur avait ainsi proposé à ses joueurs d’acheter la monnaie virtuelle de Fortnite moins cher s’ils passaient directement par leur système de paiement, et non par celui d’Apple, qui prélève une commission de 30 % sur ces transactions.

La marque à la pomme avait immédiatement retiré le jeu de l’App Store, incontournable sur les iPhone et iPad pour télécharger des applis. Les adeptes du titre de battle royale (« tir et survie ») qui n’ont que des appareils mobiles Apple n’ont plus eu accès aux mises à jour depuis. Epic Games avait alors déposé plainte contre le groupe californien pour abus de position dominante.

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« Apple a “gagné” en n’étant pas considéré comme un monopole, mais Epic a “gagné” le droit de diriger les joueurs vers l’Epic Store [son propre magasin] comme moyen de paiement alternatif. Au final : Epic a gagné », a tweeté Michael Pachter, analyste du cabinet Wedbush. Mais pour le patron d’Epic, Tim Sweeney, « la décision du jour n’est pas une victoire pour les développeurs et les consommateurs », promettant de « continuer à se battre » pour « une compétition équitable entre les méthodes de paiement au sein des applis et entre les magasins d’applis ». Et d’ajouter : « Fortnite reviendra sur l’App Store quand Epic pourra proposer son système de paiement dans l’appli en concurrence avec celui d’Apple, en faisant bénéficier les consommateurs des économies ainsi réalisées. » L’éditeur a ainsi annoncé son intention de faire appel de la décision.

Assouplissement des règles de paiement

Apple, de son côté, s’est félicité d’avoir été blanchi sur la question du monopole. « Aujourd’hui la cour a entériné ce que nous avons toujours su : l’App Store n’enfreint pas le droit de la concurrence », a ainsi déclaré la société américaine. « Apple est en compétition sur tous les segments où nous sommes présents, et nous pensons que les clients et les éditeurs nous choisissent parce que nos produits et services sont les meilleurs au monde », a-t-elle poursuivi.

Dans l’attente de ce verdict, la marque a fait une série de concessions aux développeurs. Elle a notamment annoncé à la fin d’août un assouplissement des règles concernant l’accès aux moyens de paiement en dehors de l’App Store, pour mettre fin à des poursuites de petites entreprises. Les applications pourront ainsi dorénavant envoyer un e-mail à leurs usagers pour les informer qu’ils peuvent acheter un abonnement, par exemple, sur leur site Web. Dans ce cas, les éditeurs d’applis ne paient pas la commission à Apple.

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« Nous restons engagés à garantir que l’App Store reste une place de marché sûre et de confiance, qui soutient une communauté florissante de développeurs et plus de 2,1 millions d’emplois américains, où les règles s’appliquent de la même manière à tout le monde », a encore affirmé le groupe. A la suite de cette décision de justice, Apple perdait 2,3 % en Bourse, vers 18 h 40.

Le Monde avec AFP

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