L’opération géante Verizon-Vodafone attendue ce lundi

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par Soyoung Kim et Kate Holton

NEW YORK/LONDRES (Reuters) – Verizon Communications et Vodafone Group se préparent à annoncer ce lundi un accord à 130 milliards de dollars (98 milliards d’euros) assurant à l’opérateur américain le contrôle total de sa filiale mobile Verizon Wireless, si les conseils d’administration des deux groupes donnent leur feu vert, a-t-on appris de sources proches du dossier.

Vodafone a annoncé dimanche soir dans un communiqué être en discussions avancées avec Verizon sur la vente de sa participation de 45% dans Verizon Wireless pour 130 milliards de dollars, payables en numéraires et en actions.

Rien ne permet d’assurer qu’un accord sera bien conclu, a-t-il ajouté.

“Une nouvelle annonce interviendra dès que possible”, a-t-il simplement précisé.

L’accord en discussion prévoit que Vodafone reçoive 60 milliards de dollars en numéraire, 60 milliards en actions Verizon et 10 milliards supplémentaires dans le cadre d’opérations annexes qui porteraient le montant total à 130 milliards de dollars, ont déclaré deux sources proches du dossier samedi.

Le montant évoqué ferait de ce rachat la troisième opération de fusion-acquisition de tous les temps après l’OPA de 203 milliards de dollars de Vodafone sur Mannesmann en 1999 et celle de 181 milliards de Time Warner sur AOL l’année suivante, en plein boom de la “nouvelle économie”.

L’acquisition couronnerait enfin les efforts de Verizon pour contrôler 100% de Verizon Wireless, le premier réseau de téléphonie mobile aux Etats-Unis, et marquerait la sortie de Vodafone du marché américain.

Le géant britannique des télécoms détient 45% de Verizon Wireless depuis la création de la coentreprise en 2000.

Selon les sources, Verizon a obtenu des financements auprès de JPMorgan Chase Co, Morgan Stanley, Barclays et Bank of America Merrill Lynch.

Le financement serait réparti à parts égales entre les quatre banques, ont dix deux sources.

LES ACTIONNAIRES ATTENDENT UNE PART DU GÂTEAU

L’annonce de l’accord et la présentation de ses modalités pourrait intervenir après la clôture de la Bourse de Londres, à 15h30 GMT, après une réunion du conseil d’administration de Verizon, ont expliqué à Reuters des sources proches du dossier.

Le conseil de Vodafone devait se réunir dimanche pour approuver le projet, ont dit les sources. Les deux groupes ont refusé de commenter ces informations.

Verizon Communications ayant déjà le contrôle opérationnel de Verizon Wireless, le rachat des parts de Vodafone n’entraînerait pas de changement pour ses clients, mais la puissance de frappe supplémentaire du groupe américain pourrait l’aider à améliorer ses services.

L’opération laissera Vodafone, le deuxième opérateur de téléphonie mobile dans le monde, avec des actifs en Europe et dans des marchés émergents comme l’Inde, la Turquie et l’Afrique.

Les actionnaires de Vodafone espèrent toucher au moins une part du gâteau sous forme de dividende spécial mais le groupe pourrait aussi choisir d’en investir une partie.

Le secteur des télécoms a été marqué par une série de fusions-acquisitions ces dernières années, la plus récente en date étant la prise de contrôle par le japonais SoftBank de Sprint Nextel, le troisième opérateur américain de téléphonie mobile, pour 21,6 milliards de dollars.

Depuis une dizaine d’années, Verizon Communications cherchait à racheter la participation de son partenaire britannique dans leur filiale commune mais les deux groupes ne s’entendaient pas sur sa valorisation.

VODAFONE A FAIT MONTER LE PRIX

En 2004 déjà, Vodafone envisageait de se désengager de Verizon Wireless pour jeter son dévolu sur l’activité de téléphonie mobile d’ATT, finalement acquise par Cingular.

Les dernières discussions en date avaient été révélées par Reuters en avril. A l’époque, des sources évoquaient un montant de 100 milliards de dollars que Verizon serait prêt à débourser en actions et en numéraire, tout en notant que le groupe américain préférait un accord à l’amiable.

Vittorio Colao, le directeur général de Vodafone, avait alors clairement fait savoir qu’il prendrait son temps et ne céderait ses 45% qu’à un juste prix.

Les discussions sont entrées dans le vif du sujet il y a quelques semaines, Verizon ayant conscience que la remontée des taux d’intérêt et la baisse de son cours de Bourse – en recul de plus de 4% en août – lui compliqueraient la tâche s’il tardait trop.

Le groupe dirigé par Lowell McAdam a du coup accepté de monter son prix à 130 milliards de dollars, selon les sources.

Même à ce prix, le rachat des parts de Vodafone sera une bonne opération pour Verizon Communications qui aura les moyens de rembourser ses créanciers. Verizon Wireless a dégagé en 2012 un free cash flow de 28,6 milliards de dollars.

Vodafone, de son côté, a obtenu un montage fiscal avantageux pour l’opération, de telle sorte que la facture à régler au fisc devrait être limitée à environ cinq milliards de dollars.

Dans le cadre de l’accord, Verizon Communications rachètera Vodafone Americas, la holding du groupe britannique qui détient les 45% de Verizon Wireless et quelques autres actifs, ont précisé les sources. Dans un deuxième temps, Verizon conservera la participation dans Verizon Wireless et revendra les autres actifs à Vodafone.

Le vendeur de Vodafone Americas n’étant pas une entreprise américaine, il n’aura pas à s’acquitter de la taxe sur les plus-values aux Etats-Unis. La législation britannique, de son côté, exempte sous certaines conditions les gains réalisés sur la vente de participations d’entreprises – ce dont devrait bénéficier Vodafone.

Autres gagnantes dans l’affaire, les banques impliquées dans l’opération devraient se partager des commissions représentant au moins 200 millions de dollars.

Véronique Tison et Marc Angrand pour le service français

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