Les malades du coronavirus bientôt pistés par leur téléphone portable

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À l’initiative de la Commission européenne, les plus grands opérateurs de téléphonie mobile ont accepté de donner l’accès aux données de géolocalisation de dizaines de millions d’Européens. Objectif : suivre les déplacements des personnes testées positives pour anticiper les contaminations.

Après avoir fait pression sur les grands acteurs du divertissement et d’Internet pour limiter les débits et éviter que le réseau ne sature pendant la crise sanitaire, le commissaire européen au Marché intérieur et au Numérique Thierry Breton a un nouveau cheval de bataille : le suivi des malades du coronavirus grâce à leurs smartphones. Plus exactement, selon Reuters, il s’agit de suivre les personnes ayant été en contact avec une personne testée positive, mais aussi de suivre les éventuels déplacements des personnes porteuses du virus.

Suite à leur entretien avec Thierry Breton, Orange, Vodafone, Deutsche Telekom et cinq autres opérateurs de téléphone mobile dont Telecom Italia ont ainsi consenti à partager avec la Commission européenne leurs données de géolocalisation recueillies grâce aux téléphones portables. À charge de la Commission d’agréger et de compiler ces données pour prendre des mesures afin d’endiguer la propagation du virus. Grâce aux puces GPS, il est ainsi possible de voir les « migrations » des personnes infectées à travers le pays, et ainsi d’anticiper des pics de contamination dans certaines régions.

La Cnil réclame l’anonymat des données récoltées

Évidemment, ce « pistage » des malades via la puce GPS de leur smartphone n’est pas sans poser de problèmes, et la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) appelle les autorités à « privilégier le traitement de données anonymisées » selon des courriers internes dont a pris connaissance Mediapart. Du côté de la France, plus précisément, l’État a mis en place Care, une commission composée de chercheurs et médecins, dont l’une des missions concerne « l’opportunité de la mise en place d’une stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées ».

Du côté de la Commission européenne, on assure que les données collectées seront détruites une fois que la crise sanitaire sera terminée, et c’est l’Europe, et non les opérateurs, qui se montre garant du respect du RGPD. En clair, les opérateurs de téléphonie mobile, un par pays, ne seront pas sanctionnés pour un éventuel non-respect des données personnelles.

En Asie, le smartphone se transforme en « bracelet électronique »

Cette initiative n’est pas inédite face à la crise du coronavirus puisque la Corée du Sud, la Russie ou dernièrement Israël ont aussi choisi de tirer profit de la géolocalisation des smartphones pour suivre les malades, et surtout les surveiller. En Asie, ça va même plus loin puisque les habitants doivent installer une application. À Taïwan ou Singapour, par exemple, le smartphone d’une personne en quarantaine a tout d’un bracelet électronique puisqu’une application permet de vérifier qu’elle reste chez elle, et en cas d’infraction, l’amende est salée et son nom est exposé au grand public.

En Chine, chaque ville possède sa propre application, et les habitants doivent chaque matin prendre leur température et donner des informations sur leur état de santé. Une fois dans la rue, les autorités scannent leur smartphone, et les données sont enregistrées et identifiées. C’est évidemment ce que redoutent en Europe certaines associations mais l’Europe assure que tout restera anonyme, et la France a déjà prévenu qu’il n’était pas question de créer une application. Quant à l’OMS, elle projette de créer sa propre application qui dispense des conseils, mais aussi permet à une personne de connaître le taux de malades dans son quartier ou sa région.

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