Les actionnaires de Telecom Italia contre l’éviction du conseil

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par Danilo Masoni et Stefano Rebaudo

ROZZANO, Italie (Reuters) – Les actionnaires de Telecom Italia ont, à une courte majorité, voté contre la proposition de l’investisseur dissident Marco Fossati, appelant à une éviction de l’ensemble du conseil d’administration du premier groupe de télécoms italien.

A l’issue d’une réunion qui a duré plus de sept heures, une minorité de 42,3% des votants se sont prononcés pour la proposition de Marco Fossati, troisième actionnaire de Telecom Italia avec 5%, 50,3% ont voté contre et 7,4% se sont abstenus.

Marco Fossati a pris acte du résultat du vote, tout en disant qu’il était prêt à poursuivre le combat contre ce qu’il considère être l’influence croissante de l’espagnol Telefonica au sein de Telecom Italie

Le vote de ce vendredi a en effet opposé Marco Fossati au véhicule d’investissement Telco, contrôlé par Telefonica et qui comprend également des institutionnels italiens. Avec ses 22,4%, Telco a nommé la majorité des administrateurs actuels.

“C’est un signal fort du marché et il doit être entendu. Mais nous avons été tout près de la victoire et nous continuerons (…)”, a dit Marco Fossati à des journalistes, précisant qu’il soumettrait une résolution visant à permettre une plus grande représentation des actionnaires minoritaires au conseil d’administration.

Le mandat du conseil actuel expire en avril.

Sous la houlette de son nouvel administrateur délégué, Marco Patuano, l’opérateur historique cherche à redresser son activité en modernisant son réseau en Italie et à céder ses actifs pour réduire son endettement qui dépasse les 28 milliards d’euros.

LE SORT DE LA FILIALE BRÉSILIENNE DE TELECOM ITALIA

Les actionnaires dissidents emmenés par l’homme d’affaires Marco Fossati craignent que le groupe ne brade sa filiale brésilienne de téléphonie mobile TIM Participacoes, concurrente de la filiale Vivo de Telefonica qui domine le marché brésilien.

Ils dénoncent aussi la récente décision de Telecom Italia d’émettre pour 1,3 milliard d’euros d’obligations convertibles – qui aura pour effet de diluer leur participation – et la vente de ses 22,7% dans Telecom Argentina pour 960 millions de dollars (713 millions d’euros).

Marco Patuano s’inscrit en faux contre l’affirmation disant que le conseil de Telecom Italia était dirigé par Telefonica.

“Personne ne peut dire qu’il est satisfait du cours de Bourse actuel de Telecom Italia. Ni les investisseurs, ni les actionnaires ni la direction. Le débat doit exister, mais pas la manipulation”, a-t-il dit.

Le Président du conseil Enrico Letta s’est engagé à préserver les investissements dans les réseaux télécoms italiens mais a précisé que le gouvernement ne prenait aucun parti sur le rôle de Telefonica dans Telecom Italia.

Telefonica, le plus grand groupe télécoms d’Europe, détient 66% de Telco et a récemment obtenu de pouvoir reprendre à partir de 2014 les participations de ses partenaires institutionnels italiens, Generali, Intesa Sanpaolo et Mediobanca.

En conséquence de cet accord, l’autorité brésilienne de la concurrence a intimé au groupe espagnol de vendre sa participation indirecte dans TIM Participacoes – que Telecom Italia contrôle à hauteur de 67% – ou de trouver un partenaire pour sa propre filiale Vivo.

La capitalisation boursière de Vivo avoisine les 20 milliards de dollars et celle de TIM Participacoes est d’environ 12 milliards.

Selon des sources au fait du dossier, Telefonica a pour idée de démanteler TIM Participacoes et de partager ses actifs et son réseau entre Vivo et les deux autres opérateurs mobiles du Brésil, America Movil et Oi.

Benoit Van Overstraeten pour le service français

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