La high tech américaine en Chine pâtit des affaires d’espionnage

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par Matthew Miller

SINGAPOUR (Reuters) – Les groupes américains de haute technologie souffrent en Chine de difficultés sans précédent en raison de la méfiance suscitée par les révélations de l’informaticien Edward Snowden sur l’ampleur des programmes de surveillance des Etats-Unis, notamment de l’Agence nationale de sécurité (NSA).

Les documents révélés depuis juin par Edward Snowden, ancien collaborateur de la NSA, ont provoqué l’indignation des médias chinois, dans l’ensemble contrôlés par Pékin, et ont accru la volonté des autorités de développer les aptitudes des groupes chinois dans le secteur de la ‘high-tech’.

La méfiance chinoise a été citée mercredi par le spécialiste américain des équipements de réseaux Cisco Systems comme l’une des principales causes de la forte baisse de son chiffre d’affaires attendue sur le trimestre en cours.

“Le gouvernement des Etats-Unis n’a pas fait un cadeau à Cisco”, a expliqué Mark McKechnie, analyste pour Evercore, alors que l’action du groupe chutait de plus de 13% à l’ouverture de Wall Street.

Les difficultés de Cisco sont aggravées par sa rivalité avec Huawei, d’autant que la commission du Renseignement de la Chambre des Représentants des Etats-Unis a recommandé l’an dernier aux opérateurs américains de ne pas faire affaire avec le groupe chinois, ni avec son compatriote ZTE.

L’un des concurrents de Cisco, IBM, a de son côté fait état en octobre d’une chute de 22% de son chiffre d’affaires en Chine, mais Mark Loughridge, son directeur financier, l’a alors attribué au “vaste programme de réformes économiques” de Pékin plutôt qu’à un manque de confiance.

“PROTÉGER LA SÉCURITÉ DU PAYS”

En Chine, plusieurs cadres expliquent que les révélations d’Edward Snowden n’ont fait qu’accentuer une méfiance préexistante, et que les autorités exercent des pressions officieuses pour que les entreprises choisissent des produits chinois, au détriment de groupes comme IBM, Oracle ou EMC.

“Même si aucun document officiel n’a été publié, nous essaierons à l’avenir d’acheter du matériel informatique auprès de groupes nationaux comme Lenovo”, a déclaré un habitué des acquisitions de ce type au sein de l’une des quatre grandes banques publiques chinoises.

De fait, China National Software, dont l’action a gagné 250% depuis juin, et trois autres groupes chinois du secteur ont annoncé en novembre avoir reçu une appréciation “de premier rang” du ministère de l’Industrie et de l’Information.

“Nous espérons et nous demandons que les groupes étrangers concernés respectent la législation chinoise”, a déclaré à Reuters Qin Gang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. “Dans le même temps, en tant que gouvernement chinois, nous avons l’obligation, la responsabilité, de protéger la sécurité du pays.”

Néanmoins, en ce qui concerne d’autres produits, comme les puces et les bases de données, les groupes chinois sont encore loin d’être suffisamment compétitifs.

“Tout le monde se sent sous pression à cause des révélations sur la NSA”, a reconnu un ancien salarié d’une multinationale du secteur, tout en soulignant l’absence de concurrence pour certains produits d’un groupe comme IBM.

“S’ils n’achètent pas à IBM, ils n’achètent à personne”, ajoute-t-il.

Avec Sinead Carew à New York, Michael Martina à Pékin, et Jeremy Wagstaff et Lee Chyen Yee à Singapour; Julien Dury pour le service français, édité par Marc Angrand

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