La guerre entre Gaza et Israël fait rage sur internet

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SAN FRANCISCO (Reuters) – Les armes du conflit israélo-palestiniens sont bien connues: jets, obus de mortier, roquettes Kassam. Il faut y ajouter désormais Twitter, YouTube, Facebook.

Depuis le début, mercredi, de l’offensive aérienne israélienne sur Gaza, la guerre fait rage entre les deux camps sur les réseaux sociaux.

L’armée israélienne a confirmé sur Twitter le début de ses attaques avant même de tenir une conférence de presse.

L’importance des relations publiques dans la relation d’une guerre ne date pas de mercredi, mais elle a pris une dimension nouvelle ces derniers jours.

Les dirigeants palestiniens, à commencer par leur chef historique Yasser Arafat, ont dès la première intifada pris un soin particulier à cajoler les médias internationaux pour mieux faire avancer leur cause.

Mais c’est surtout le gouvernement israélien qui a su ces derniers temps utiliser avec le plus d’efficacité ce nouvel arsenal en lançant cette semaine une opération médiatique pratiquement sans précédent dans ce type de conflit.

Les Forces de défense israéliennes (IDF) affirment leur présence sur la quasi-totalité des plateformes disponibles.

Elles ont ouvert mercredi un compte sur Tumblr en postant notamment des infographies montrant comment Tsahal tente lors de ses frappes de limiter les dommages collatéraux subis par les civils.

Sur Pinterest, un autre réseau social, l’armée affiche des photos de ses soldats dans des missions humanitaires.

Elle a en outre préparé des pages Facebook en plusieurs langues. Sur Twitter, le compte @IDFspokesperson publie un flot de tweets avec des mots-clé comme #Israelunderfire (Israël sous le feu) et des vidéos présentées comme étant celles de roquettes tirées de Gaza sur Israël, ainsi que des photos d’enfants israéliens blessés.

“ÉLIMINÉ”

“Ils sont très conscients de la manière dont les choses vont être perçues, et ce d’autant qu’ils sont de plus en plus isolés dans l’opinion publique mondiale, et moins soutenus par celle des Etats-Unis”, notre James Noyes, chercheur à la Hoover Institution.

L’armée israélienne a également posté sur Twitter une photo du chef militaire du Hamas abattu, Ahmed al Djaafari, avec la mention “éliminé” barrant son visage.

Les organisations palestiniennes ne sont pas en reste. Les Brigades al Kassam, autrefois dirigées par Djaafari, offrent sur Twitter un compte-rendu en direct des tirs effectués contre Israël. Avec comme mot-clé #terrorisme, elle évoque les enfants palestiniens tués par les raids de Tsahal.

Les deux camps se répondent coup par coup sur la Toile.

“Nous recommandons à tous les militants du Hamas, quel que soit leur rang, de garder la face contre terre dans les jours qui viennent”, poste #IDFspokesperson.

A quoi @AlqassamBrigade répond immédiatement que “les mains bénies (des membres des brigades) atteindront vos dirigeants et vos soldats où qu’ils se trouvent.”

Un tel échange soulève pour les nouveaux médias la question des limites de la liberté d’expression sur internet, et les place pour beaucoup d’entre eux à une situation inédite.

Twitter impose théoriquement des règles pour lutter contre “les menaces spécifiques et directes de violence”, mais les deux camps ont pu user de tels procédés sans opposition.

La publication par Israël sur YouTube de la frappe contre la voiture transportant Djaafari, vue par des centaines de milliers de personnes, à été critiquée par certains internautes.

“Le problème, c’est que si nous ne diffusons pas ça, un autre le fera. Comment peut-on supprimer tout ça ?”, s’interrogeait récemment Eric Schmidt, le président de Google, lors d’un séminaire à Los Angeles.

Pascal Liétout pour le service français

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