BRUXELLES (Reuters) – Vodafone et KPN et Orange ont sévèrement critiqué mardi le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia, jugeant que son manque de vision à long terme risquait de bloquer des fusions et des investissements pourtant nécessaires dans le secteur des télécommunications.
Un peu auparavant, Joaquin Almunia s’était interrogé sur la capacité du groupe Hutchison 3G à proposer des arrangements suffisants pour obtenir le feu vert à son OPA de 1,3 milliard d’euros sur Orange Autriche, une filiale de France Télécom.
La Commission européenne a transmis il y a une semaine à Hutchison un communiqué des griefs dans lequel elle soulève un certain nombre d’objections à cette opération, qui reviendrait à éliminer l’un des quatre opérateurs mobiles autrichiens.
“Nous avons récemment envoyé un communiqué des griefs à propos de cette fusion. A ce stade, la question de savoir si des solutions satisfaisantes peuvent être trouvées reste posée”, a dit Joaquin Almunia, suivant le texte d’un discours qu’il devait prononcer à Nicosie.
Hutchison 3G, filiale du conglomérat hongkongais Hutchison Whampoa, a proposé en août d’ouvrir son réseau à ses concurrents et à d’éventuels nouveaux entrants pour stimuler la concurrence mais cette concession a été jugée insuffisante. Il a d’ores et déjà prévenu qu’il ne voyait pas quelle autre concession il pourrait faire.
Hutchison est le troisième opérateur mobile autrichien et Orange Autriche le quatrième. Telekom Austria et T-Mobile, filiale de Deutsche Telekom, occupent les deux premières places.
UN PROBLÈME DE TAILLE
Les patrons de Vodafone, KPN et Orange réclament une nouvelle approche réglementaire de la consolidation, affirmant qu’il faut laisser le champ libre à la consolidation en Europe afin que les opérateurs puissent faire face aux investissements dans les réseaux et développer l’activité économique.
“La solution se trouve dans la taille et dans la consolidation. Le commissaire Almunia se plaint qu’il n’y ait pas suffisamment d’opérations transfrontalières; il devrait se demander pourquoi”, a dit le directeur général de Vodafone Vittorio Colao, lors de la conférence FT ETNO de Bruxelles.
“Aujourd’hui, l’environnement réglementaire est un obstacle à la croissance”, a renchéri son homologue de KPN Eelco Blok, lors de la même conférence. “La taille est très importante dans le secteur des ‘telcos’. Consolidation ou partage de réseaux sont de réels problèmes aujourd’hui et il faut que ça change en Europe pour pouvoir faire face à la concurrence”.
Le PDG d’Orange, Stéphane Richard, est pareillement critique vis-à-vis du rigorisme de la Commission face aux fusions. “L’exemple autrichien est exemplaire. Il y a quatre opérateurs et il y a ce projet insensé qui est de passer de quatre à trois et voilà ce qui émeut l’UE”, a-t-il ironisé.
“Nous avons un gros problème avec la manière dont la politique de la concurrence est perçue en Europe”, a-t-il ajouté.
“Remarquez bien qu’en Chine il n’y a que trois opérateurs et si on compare la taille du pays avec l’Autriche… Il nous faut un changement radical de la politique de la concurrence en Europe”.
Foo Yun Chee, Tangi Salaün pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat