Comment l’iPod d’Apple est passé d’outil high-tech incontournable à objet en voie de disparition

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L’iPod a changé notre façon d’écouter la musique et a contribué à faire d’Apple l’une des plus grandes entreprises au monde. Mais l’iPod est passé du statut de produit phare d’Apple à celui de produit pratiquement en voie de disparition. La production des iPod Classic, Nano et Shuffle a été abandonnée. Apple a sorti une nouvelle version de l’iPod Touch en 2019, mais il est clair que les jours de l’iPod sont comptés. Il ne pouvait pas concurrencer l’iPhone et l’essor des services de streaming musical comme Spotify. Ci-dessous, une transcription de la vidéo.

Irene Kim : Ça a transformé notre façon d’écouter de la musique. Et cela a permis de transformer Apple en l’une des plus grandes entreprises du monde. Apple a vendu plus de 400 millions d’iPods, depuis leur lancement en 2001, et plus de 35 milliards de chansons.

Extrait de Parks and Recreation : C’est un excellent rectangle !

Irene Kim : Mais les ventes sont en baisse depuis plus d’une décennie. Comment l’iPod, qui a été l’un des gadgets les plus populaires, est devenu quasiment inexistant ? 1999 a été la plus grande année pour l’industrie musicale américaine. À cette époque, deux choses ont explosé. Plus de 40 % des ménages possédaient un ordinateur.

Extrait vidéo : Bienvenue !

Irene Kim : Et internet gagnait rapidement des utilisateurs.

Extrait vidéo : Vous avez un message.

Irene Kim : Un nouveau marché pour les médias numériques émergeait. Les CD représentaient plus de 80 % des revenus de l’industrie musicale aux USA. Vous pouviez écouter sur une grande chaîne hifi, un lecteur CD portable, ou extraire un album sur votre ordinateur. Mais les lecteurs CD et les premiers lecteurs portables avaient beaucoup de problèmes. Ils étaient encombrants, sautaient souvent pendant la lecture, et ne contenaient pas beaucoup de chansons. Apple y a vu une opportunité. La marque a estimé que la concurrence était mauvaise, elle voulait créer quelque chose de plus petit et de plus puissant.

Mais Apple ne savait pas exactement quel serait cet appareil. Jusqu’à ce que son responsable du matériel, Jon Rubinstein, rencontre Toshiba à une Macworld Expo à Tokyo. On a montré à Rubinstein un disque dur de 1,8 pouce, ce qui était vraiment petit pour l’époque. Ce nouveau disque dur combinait le stockage et la portabilité ; exactement ce qu’Apple recherchait. Le nouveau lecteur multimédia d’Apple était désormais réalisable. Le premier iPod a été présenté le 23 octobre 2001.

Steve Jobs : iMac, iBook, iPod. Le voici, juste là.

Irene Kim : Il avait une capacité de 5 gigaoctets, coûtait 399 dollars, et promettait de faire tenir 1000 chansons dans votre poche. En 2020, cela peut sembler un peu décevant. Par rapport à un iPod Touch de 2019, il avait 84 % de stockage en moins et en prenant en compte l’inflation, coûtait près de 400 dollars de plus. Et il était très encombrant. Mais comparé à d’autres produits de l’époque, il était plus beau et fonctionnait mieux. Il contenait beaucoup plus de chansons, et la désormais emblématique molette a facilité la navigation dans une grande bibliothèque musicale.

Lisa Eadicicco : Avant l’iPod, il n’y avait vraiment pas de solution facile pour transporter beaucoup de musique. Cela a vraiment ouvert la voie à Apple pour devenir l’acteur majeur en matière d’appareils mobiles.

Irene Kim : Mais tout le monde ne voyait pas en l’iPod le succès qui l’attendait. Les premières critiques ont pointé du doigt son prix élevé et ses fonctionnalités limitées. Le New York Times a cité un analyste : “C’est une option intéressante pour les utilisateurs de Macintosh, mais pour le public de Windows, cela ne fait aucune différence”.

Lisa Eadicicco : Il était vu comme un produit coûteux, qui ne visait qu’une part relativement faible des utilisateurs d’ordinateurs. Ce qui a vraiment fait le succès de l’iPod, et cela se résume à une chose, c’est qu’il était très facile à utiliser.

Irene Kim : L’iPod avait une fonction et elle était très bien exploitée.

Lisa Eadicicco : En 2001, c’était plutôt élégant et portable. L’iPod était presque un symbole de prestige. On voulait montrer sa collection de musique.

Irene Kim : Mais Apple ne comptait pas seulement sur l’iPod. Neuf mois plus tôt, Apple a lancé iTunes, un lecteur de musique numérique pour Mac.

Lisa Eadicicco : L’écosystème était un peu plus fragmenté dans d’autres entreprises, dans leur fonctionnement. Elles avaient toutes des logiciels propriétaires qui ne fonctionnaient pas aussi bien qu’iTunes et qui n’étaient pas aussi faciles d’utilisation.

Irene Kim : Et le connecteur FireWire de l’iPod transférait des chansons plus vite que l’USB. Vous pouviez mettre une dizaine de chansons sur votre iPod en 10 secondes. En avril 2003, Apple a lancé l’iTunes Music Store, et a vendu des centaines de milliers de chansons pour 99 centimes chacune. Le Store a vendu plus d’un million de chansons dans sa première semaine.

Mais iTunes n’était disponible que sur Mac, qui détenait moins de 3 % de parts du marché mondial de l’informatique. Six mois plus tard, Apple a donc surpris tout le monde et a lancé iTunes pour Windows.

Steve Jobs : Je suis ici aujourd’hui pour vous informer que cela s’est produit. iTunes pour Windows est sûrement la meilleure application Windows jamais développée.

Irene Kim : Désormais, tout le monde pouvait utiliser un iPod. Dans les huit premiers mois, iTunes a vendu 25 millions de chansons. Et les ventes d’iPod explosaient année après année.

Lisa Eadicicco : L’iPod est devenu la référence en termes de lecteurs MP3 portables, et il était très difficile de le concurrencer. Et cela a aussi convaincu les gens : si vous aimez iTunes et que vous aimez tant votre iPod, alors vous aimerez peut-être aussi le Mac.

Irene Kim : Mais ce n’était pas que les consommateurs ; l’industrie de la musique adorait aussi l’iPod. Au début des années 2000, le piratage se développe rapidement. Napster avait gagné 80 millions d’utilisateurs en seulement trois ans. L’industrie de la musique voyait les sociétés de partage de fichiers telles que Napster comme sa plus grande menace.

Lars Ulrich : Il est donc clair que si la musique est gratuitement téléchargeable, l’industrie de la musique n’est pas viable.

Irene Kim : iTunes a comblé le fossé entre l’industrie de la musique et les consommateurs en fournissant un moyen facile et abordable d’acheter de la musique en ligne.

Steve Jobs : Nous allons lutter contre le téléchargement illégal en lui faisant concurrence.

Irene Kim : En 2004, le président de la Recording Industry Association of America a déclaré dans Newsweek : “L’iPod et iTunes Store sont un rayon de soleil dans un moment très sombre pour l’industrie”. Au cours des deux années suivantes, Apple améliore l’iPod et sort d’autres modèles, à différents niveaux de prix, comme le Mini, le Shuffle et le Nano, permettant d’augmenter la capacité de stockage, d’avoir une meilleure portabilité, et des nouveautés, comme la lecture vidéo.

Lisa Eadicicco : Pour les gens qui avaient d’énormes bibliothèques musicales, il y avait le classique. Et puis, si c’était pour transporter quelques chansons, vous aviez le petit Shuffle, que vous pouviez accrocher sur vous. Ils ont vraiment essayé de penser à tous les types de personnes qui achetaient un iPod et ce qu’ils en attendaient.

Irene Kim : En 2007, Apple a lancé l’iPod Touch, un iPod à écran tactile avec des applications, des jeux et un navigateur internet. Les ventes ont atteint le sommet en 2008 avec 54,8 millions d’unités vendues. Dans une interview à Wired en 2004, Will Smith a qualifié l’iPod de “gadget du siècle”.

Lisa Eadicicco : Qui a grandi au début des années 2000 se souvient sûrement de ces publicités pour l’iPod. L’iPod a également marqué ce passage d’une société informatique à une société d’électronique grand public. Sans l’iPod, on pourrait se demander s’il y aurait un iPhone aujourd’hui.

Irene Kim : Mais le succès de l’appareil ne dura pas. Des mois avant la sortie de l’iPod Touch, Apple a lancé un autre produit dont vous avez peut-être entendu parler.

Steve Jobs : Un iPod, un téléphone, et un navigateur internet. Il s’agit d’un seul appareil. Et nous l’appelons : l’iPhone.

Lisa Eadicicco : Si vous aviez ces trois choses en une seule, vous n’avez plus besoin d’un appareil à part juste pour écouter de la musique.

Irene Kim : Et pour couronner le tout, Apple a appelé l’application musicale “iPod”. L’essor de l’iPhone et la chute de l’iPod ont une relation directe. Les ventes d’iPod ont commencé à baisser en 2008, alors que la croissance de l’iPhone était massive. À l’époque, Apple continuait à sortir de nouveaux modèles d’iPod, mais a vite abandonné son propre produit.

En 2009, le directeur financier de l’époque, Peter Oppenheimer, a déclaré : “Nous prévoyons un déclin, au fil du temps, de nos lecteurs MP3 traditionnels, et nous y contribuons avec l’iPod Touch et l’iPhone”. En 2011, les ventes d’iPhone ont dépassé celles de l’iPod. Trois ans plus tard, Apple a abandonné l’iPod Classic. À l’époque, l’iPod représentait moins de 2 % des revenus d’Apple.

Il était clair que les jours de l’iPod étaient comptés. Lors d’une conférence en 2014, Tim Cook a même dit : “Nous savons tous depuis un certain temps que l’iPod est un produit en déclin”. Enfin, en 2017, Apple a abandonné le Nano et le Shuffle. C’était les derniers appareils d’Apple qui ne se connectaient pas à internet, ils ne pouvaient donc pas utiliser les services auxquels Apple se consacrait, comme l’App Store, Apple Music, et Apple TV Plus.

Mais la mort de l’iPod clôt également un chapitre dans l’histoire des gadgets. Des appareils à fonction unique comme l’iPod Classic font dépassés à côté des smartphones et des tablettes, qui sont en fait des ordinateurs portables. Contrairement à l’Apple Watch, qui est un compagnon de votre smartphone, l’iPod était juste obsolète. Même s’il a défini une catégorie de produits, il n’a pas pu se sauver de sa propre entreprise.

Mais il a aussi été victime d’une plus grande tendance : avec le développement de services de streaming, comme Pandora et Spotify, les gens achetaient moins de musique. Même Apple remplace iTunes par son service de streaming, Apple Music. Désormais, le streaming est la plus grande source de revenus de l’industrie musicale américaine. Mais l’iPod n’est pas encore tout à fait mort. Apple a mis à jour son iPod Touch en 2019 avec un processeur plus rapide et plus d’options de stockage.

Lisa Eadicicco : L’iPod n’est donc pas totalement sans intérêt. C’est certainement ce que l’on peut penser. Un nouvel iPod Touch offre à Apple un autre appareil sur lequel les gens ont accès à leurs services.

Irene Kim : Et les iPods ont encore quelques usages. Ils sont bien pour les enfants, pour aller à la salle de sport, ou pour ceux qui aiment encore posséder de la musique. Mais en 2020, alors que nos appareils peuvent tout faire et aller partout, il semble peu probable qu’un gadget à fonction unique puisse à nouveau percer. Le sous-titrage vous est offert par Authôt !

Version originale : Clancy Morgan, Irene Anna Kim, Lisa Eadicicco/Business Insider. Traduit de l’anglais par Authot.

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