Brebis, chevaux et vaches des Pyrénées branchés géolocalisation

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par Julie Rimbert

TOULOUSE (Reuters) – Les brebis, chevaux et vaches qui jouissent en toute liberté des alpages en été connaîtront bientôt comme les humains les affres de la technologie moderne : équipés d’un collier de géolocalisation, un signal guidera les animaux à distance.

Les éleveurs des Pyrénées ariégeoises et leurs homologues du Pays basque espagnol testent depuis ce printemps sur une trentaine de bêtes un premier système de GPS dans le cadre du projet pilote “e-pasto”, qui permettra de se passer de clôtures.

Chaque printemps, des centaines de milliers de bêtes montent entre la mi-mai et la mi-juin dans les zones de montagne pour y passer l’été. Cette transhumance des troupeaux permet aux éleveurs de faire profiter leurs bêtes de pâturages de qualité pendant que leurs exploitations engrangent le foin qui leur servira à nourrir le cheptel durant l’hiver.

Les cobayes de l’estive du Prat-d’Albis Ariège, situé entre 900 et 1.600 mètres d’altitude, et des animaux du Pays basque espagnol sont équipés d’un collier high-tech de géolocalisation.

“Son objectif est de faciliter le travail des bergers en évitant de monter des clôtures dans les zones de montagne”, explique Thierry Marfaing, membre de la fédération pastorale de l’Ariège. “Cela limiterait ainsi les coûts des estives, tout en préservant le paysage pyrénéen. Cela peut aussi servir à la reconstitution de la ressource fourragère en faisant paître les troupeaux à un endroit bien précis d’une année sur l’autre.”

Le projet “e-pasto” fait partie du programme européen Agripir qui a pour objectif de concevoir et de développer un système de clôtures virtuelles en estives.

ACCÉLÉROMÈTRE

Il est également soutenu par les pôles de compétitivité toulousains Agrimip et Aérospace Valley, l’Ecole supérieure de technologies industrielles avancées (Estia) et la fédération pastorale de l’Ariège qui compte 850 éleveurs transhumants pour 55.000 ovins, 15.000 bovins et 2.000 équins.

Ces clôtures virtuelles doivent permettre aux éleveurs de mieux localiser et contrôler leurs troupeaux, les mesures de la position de l’animal étant réalisées toutes les heures.

Ce système sera testé sur deux saisons, 2013 et 2014. Les colliers GPS pèsent moins de 50 grammes, ont une autonomie de 150 jours et un “accéléromètre”, un appareil permettant de détecter tout mouvement anormal de l’animal, va être testé.

“Nous devons déterminer sur quelle bête doit être placé le collier : le leader du troupeau, l’animal le plus âgé ou sur tous les animaux”, dit Amélie Hacala, enseignante-chercheuse à l’Estia. “L’accéléromètre peut renseigner sur l’état de santé d’un animal : s’il ne bouge pas, on peut en déduire qu’il est peut-être malade, ou s’il va trop vite, qu’il panique.”

La deuxième phase d’expérimentation, qui commencera en août, doit permettre d’interagir avec les bêtes afin de les repositionner si elles s’éloignent trop grâce à un signal sonore, une vibration ou une impulsion électrique.

“Les bêtes vont devoir subir une phase d’apprentissage pour répondre à ce signal et être réorientées en fonction de la problématique”, dit Thierry Marfaing.

“L’objectif n’est pas de remplacer les éleveurs et les bergers ou vachers mais plutôt de les assister dans leur travail quotidien”, ajoute-il en soulignant qu’entre 2007 et 2013, le nombre d’emplois saisonniers liés au gardiennage des troupeaux en Ariège a été doublé, atteignant 90 postes cette année.

Edité par Yves Clarisse

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