BlackBerry n’exclut pas de se vendre

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par Euan Rocha

TORONTO (Reuters) – Le fabricant canadien de smartphones BlackBerry, en difficulté sur un marché de plus en plus concurrentiel, a annoncé lundi explorer des alternatives stratégiques parmi lesquels une vente partielle ou totale de la société.

BlackBerry, pionnier de l’internet mobile, a précisé avoir mis sur pied un comité spécial chargé d’évaluer différentes options.

Le groupe, autrefois coqueluche des investisseurs, a été mis en difficulté par l’iPhone d’Apple et les appareils utilisant le système d’exploitation Android de Google. Sa nouvelle ligne de smartphones BlackBerry 10, lancée en début d’année, n’a pas enrayé le déclin de ses parts de marché.

À la Bourse de Toronto, le titre BlackBerry s’appréciait de 6,37% à 10,69 dollars canadiens vers 16h45 GMT, loin cependant de ses niveaux en juin, avant la publication de résultats décevants marqués par des ventes mitigées pour les nouveaux combinés sur lesquels le groupe fonde ses espoirs de redressement.

Les analystes sont sceptiques sur la mise en place du nouveau comité en rappelant que l’entreprise avait déjà annoncé des mesures semblables il y a un an lorsqu’elle avait mandaté JP Morgan et la Banque royale du Canada pour, déjà, explorer diverses options stratégiques.

En plus des smartphones qui portent son nom, BlackBerry dispose d’une importante et précieuse collection de brevets et d’une activité de services liée à son système de messagerie qui bénéficie d’une forte image de sécurité. Le groupe avait en plus à la fin juin une trésorerie de 3,1 milliards de dollars canadiens et aucune dette.

Toute cession partielle ou totale fera probablement l’objet d’un examen attentif du gouvernement canadien, qui a son mot à dire sur les rachats d’entreprises par des acquéreurs étrangers. À Ottawa, BlackBerry a toujours été considéré comme un joyau de la couronne.

Le gouvernement s’est refusé lundi à tout commentaire sur les derniers développements.

SIGNES DE SATURATION

Reuters a rapporté en fin de semaine dernière que le groupe, coté à Toronto et sur le Nasdaq, n’excluait pas un retrait de la cote pour régler ses problèmes dans un contexte plus serein. La source à l’origine de cette information a notamment fait état d’une possible collaboration avec la société de capital-investissement Silver Lake Partners, déjà impliquée dans le rachat de Dell aux Etats-Unis.

Prem Watsa, dont la société Fairfax Financial Holdings est le premier actionnaire de BlackBerry avec une participation de 10%, a annoncé démissionner du conseil d’administration en raison d’un risque de conflit d’intérêt.

“Je reste un fervent soutien de l’entreprise, du conseil d’administration et de la direction alors que s’engage ce processus”, a-t-il dit en assurant n’avoir “aucune intention actuellement” de vendre ses parts.

Pour Tim Long, analyste chez BMO Capital Markets, cette annonce vient peut-être trop tard. “Un changement de structure pourrait pousser le titre à la hausse sur le court terme, mais nous ne voyons pas ce qui pourrait permettre à BlackBerry d’inverser la dégradation de ses parts de marché ou le déclin de ses revenus dans les services”, dit-il.

La nouvelle gamme des BlackBerry 10 a été commercialisée au moment où le segment haut de gamme du marché commençait à montrer des signes de saturation. Samsung Electronics a récemment publié des résultats inférieurs aux attentes et Apple a subi au premier trimestre une érosion de ses bénéfices, une première depuis plus d’une décennie.

Sur le marché d’entrée et de milieu de gamme, la concurrence s’intensifie également avec la montée en puissance de fabricants chinois comme Huawei Technologies et ZTE.

Le comité chargé d’évaluer les alternatives stratégiques sera présidé par Timothy Dattels, un ancien banquier d’investissement de Goldman Sachs qui est l’un des administrateurs de BlackBerry, et il comprendra aussi Thorsten Heins, le directeur général du groupe canadien.

Timothy Dattels travaille aujourd’hui pour la firme de capital-investissement TPG. Son entrée en juin 2012 au conseil d’administration de BlackBerry avait suscité de nombreuses spéculations sur un éventuel rachat par endettement (LBO) de l’entreprise ou un retrait de la cote, d’autant que BlackBerry avait mandaté peu de temps auparavant JPMorgan et RBC Capital Markets pour évaluer sa stratégie.

Avec la contribution d’Alastair Sharp, Allison Martell et Jennifer Saba, Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Angrand

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