Billie Eilish, Stevie Wonder, Katy Perry… : les stars réclament une protection face à la contrefaçon digitale

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Depuis qu’elles sont devenues accessibles au grand public, les intelligences artificielles dites génératives font peser de nombreuses menaces sur les créations artistiques. Reproduisant à la perfection la voix de n’importe quel artiste, mais aussi son stylestyle, l’IA est devenu capable de créer des contrefaçons musicales d’un réalismeréalisme troublant. Des reprises publiées et écoutées, pour certaines des millions de fois. Inquiets, 200 artistes, dont des grands noms du monde de la musique, ont donc signé une lettre ouverte visant à protéger au mieux les productions artistiques face à l’intelligence artificielle.

Pas le temps de lire ? Découvrez cette actu au format audio dans notre podcast Vitamine Tech. © Futura

Plag’IA dans l’industrie de la musique

Vous avez peut-être entendu, ces derniers temps, votre chanteur ou votre chanteuse préféré reprendre une œuvre musicale initialement interprétée par un autre artiste. Eh bien, figurez vous que derrière ces reprises pourrait se cacher une intelligence artificielle générative. Une IA qui a la faculté de reproduire n’importe quelle voix pour lui faire dire, ou en l’occurrence pour lui faire chanter, ce que vous souhaitez. Comment ? Grâce à un algorithme qui arriverait à cloner une voix sur laquelle il s’est préalablement entraîné. Si cette nouvelle pratique peut enchanter en partie le public, qui a désormais l’occasion d’entendre leurs artistes préférés dans différents registres musicaux, vous l’imaginez bien, elle ne ravit pas du tout les acteurs du secteur musical. Utiliser la production d’un chanteur, d’un auteur-compositeur, d’un beatmaker, etc. sans leurs autorisations peut poser un véritable problème en ce qui concerne le droit de propriété intellectuelle.

Un exemple de « cover » réalisée digitalement. Ici, la voix de Billie Eilish est reprise par l’IA pour créer une nouvelle version de Creep, de Radiohead. © YouTube, Jay

Car les œuvres produites aujourd’hui par les IA seraient en réalité générées à partir d’œuvres créées par d’autres musiciens, qui n’auraient pas vraiment le pouvoir de revendiquer leurs droits d’auteurs, faute de moyens et faute de transparencetransparence. C’est la raison pour laquelle plus de 200 artistes, dont les stars Taylor SwiftSwift, Billie Eilish, Stevie Wonder ou encore les héritiers de Frank Sinatra ont signé une lettre ouverte dans laquelle il est demandé à ce que soit mieux protégée la création des artistes ainsi que les droits des auteurs face aux menaces posées par l’intelligence artificielle. Porté par l’Artist Rights Alliance, une organisation qui dit défendre les droits des artistes « à l’ère du numérique », ce texte appelle les sociétés d’IA et les plateformes de services de musique numérique à s’engager à ne pas développer ni à utiliser d’intelligence artificielle qui « saperait ou remplacerait l’art humain ». 

Une lettre ouverte contre la contrefaçon digitale

Pour les signataires, il n’y a aucun doute : « nous devons nous protéger contre une utilisation prédatrice de l’IA. » Dans ce texte l’intelligence artificielle y est accusée de voler, de violer et de détruire l’écosystèmeécosystème de la musique. Un écosystème où la majorité des professionnels du secteur mèneraient une vie précaire. Des difficultés financières en partie causées par le système de rémunération actuel ainsi qu’à l’explosion du streaming musical qui ne profiterait en réalité qu’à environ 1 % d’artistes à travers le monde. Les signataires alertent donc sur l’utilisation de ces modèles d’IA qui, entraînés sur de la musique sans licence, dilueraient considérablement les redevances versées aux professionnels.

Et ce n’est pas tout, les signataires dans cette lettre ouverte dénoncent également l’utilisation de ces IA générative par « certaines des plus grandes et puissantes entreprises » de l’industrie de la musique. Une technologie qui serait de plus en plus utilisée pour boosterbooster le processus de production musicale à tous les niveaux. Mais comment freiner l’utilisation d’intelligence artificielle dans l’industrie musicale ? 

L’Elvis Act, un début de protection pour les artistes

Les choses commencent tout doucement à bouger. Le mois dernier, l’État du Tennessee, un point central de l’industrie musicale, a été l’un des premiers territoires à prendre les choses en main sur ce sujet aux États-Unis. En effet, l’État a adopté l’« Elvis Act », une loi qui viserait à protéger les créateurs et les propriétaires de propriété intellectuelle contre les utilisations abusives de l’intelligence artificielle. Le texte, qui entrera en vigueur le 1er juillet, interdira le clonageclonage par IA générative de la voix d’un artiste sans son consentement.

Le King lui-même n’est pas à l’abri des contrefaçons. On le retrouve ici dans une reprise jazzy de Highway to Hell, d’AC/DC. © YouTube, AirJ Covers

Cette législation a été accueillie à bras ouverts par certains grands groupes de l’industrie musicale, comme la Recording Academy, qui organise les Grammy Awards et qui avait déjà imposé des restrictions sur l’utilisation de l’IA. Conscient des enjeux économiques qui se cachent derrière ces fausses productions, le Congrès américain ainsi que d’autres États examineraient également en ce moment même des textes législatifs similaires à celui de l’« Elvis Act ». L’objectif serait de donner un cadre éthique et responsable à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le milieu de la musique. 
 

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