AT&T exclut – pour l’instant

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par Kate Holton et Sophie Sassard

LONDRES (Reuters) – ATT a exclu lundi de lancer une offre d’achat sur le britannique Vodafone au cours des six prochains mois, ce que des sources bancaires expliquent par la polémique sur les pratiques américaines en matière d’espionnage et par la remontée des valorisations dans le secteur en Europe.

ATT, numéro deux du marché de la téléphonie mobile aux Etats-Unis, avait alimenté en octobre les spéculations sur un intérêt possible pour Vodafone en affirmant par la voix de son directeur général que l’Europe pouvait offrir une “énorme opportunité” d’investissement.

Mais après plusieurs articles de presse évoquant ce week-end une réunion entre ATT et des représentants de l’Union européenne sur la possibilité d’un rachat, les autorités boursières britanniques ont demandé à l’américain de clarifier sa position. Ce qu’il a fait dans un bref communiqué, déclarant qu’il n’avait pas l’intention de faire une offre.

Par ces mots, conformément au droit boursier britannique, ATT s’interdit de fait de lancer une OPA pendant aux moins six mois, à moins qu’il y soit expressément invité par Vodafone lui-même ou par un tiers.

A la Bourse de Londres, l’action Vodafone perdait 5,4% à 220 pence à 13h00 GMT, après un plus bas à 215,75.

Pour les analystes, la clarification d’ATT pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble des valeurs du secteur européen des télécoms, dont l’indice de référence a gagné environ 24% depuis un an, une performance très supérieure à celle de l’indice FTSEurofirst 300 (+11%).

Ils ajoutent qu’un rachat de Vodafone reste une hypothèse logique pour ATT, confronté à une concurrence de plus en plus vive sur le marché américain au moment où le marché européen est susceptible de profiter enfin de la reprise économique et de la montée en puissance de la “4G”.

Un banquier a déclaré à Reuters que Vodafone, qui est en train de céder à Verizon Communications ses parts dans leur coentreprise mobile Verizon Wireless pour 130 milliards de dollars, reste un partenaire potentiel idéal pour ATT en raison de sa présence dans la majeure partie de l’Europe.

ATT PEUT REVENIR À LA CHARGE

Un autre banquier spécialiste du secteur a estimé que la hausse récente du cours de Vodafone, alimentée par les spéculations sur l’intérêt prêté à ATT, pourrait avoir découragé ce dernier.

Au cours de clôture de vendredi, après une hausse de 38% sur un an, le britannique était valorisé 113 milliards de livres (137 milliards d’euros).

ATT pourrait étudier d’autres cibles potentielles en Europe, comme EE, la coentreprise britannique d’Orange et Deutsche Telekom, même si elle offre une exposition plus réduite au marché européen.

Les analystes de Citi notent que le délai de six mois imposé désormais à ATT pourrait avantager l’américain car il permet à Vodafone de boucler la vente des parts de Verizon Wireless et laisse du temps aux investisseurs pour estimer la valeur des activités conservées.

Certains analystes valorisent ces dernières autour de 60 milliards de livres. En incluant une prime de rachat de 20%, ATT aurait à envisager une OPA de 70 milliards de livres environ.

Par ailleurs, d’ici la fin du délai de six mois, les autorités européennes auront rendu leur avis sur le rachat par Telefonica de la filiale mobile allemande du néerlandais KPN, un dossier considéré comme un test de l’attitude de Bruxelles vis-à-vis de la consolidation du secteur en Europe.

Vodafone lui-même a récemment conclu le rachat de l’allemand Kabel Deutschland et une source proche du dossier a déclaré qu’il s’intéressait désormais à l’espagnol Ono. (voir: )

Pour Robert Grindol, analyste chez Espirito Santo qui a abaissé la semaine dernière sa recommandation sur Vodafone, ATT a manifestement pris conscience du fait qu’une acquisition en Europe serait un investissement trop coûteux au vu du contexte actuel d’intense concurrence sur les prix.

Il n’exclut toutefois pas qu’ATT revienne à la charge une fois que le paysage concurrentiel sera stabilisé.

Kate Holton, Véronique Tison et Marc Angrand pour le service français, édité Wilfrid Exbrayat

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