Apple propose des concessions sur son App Store

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C’est un virage serré que prend Apple. Le géant américain des technologies a dévoilé, dans un communiqué, jeudi 26 août, plusieurs modifications des règles de l’App Store, son magasin d’applis. Elles doivent être approuvées par un tribunal pour mettre fin à des poursuites de petites entreprises qui développent des applications.

« Cet accord précise que les développeurs peuvent faire part d’offres aux utilisateurs en dehors de leurs applis iOS [le système d’exploitation d’Apple] », explique le groupe. Concrètement, les applications pourront envoyer un e-mail à leurs usagers pour les informer qu’ils peuvent acheter un abonnement, par exemple, sur leur site Web. Dans ce cas, l’éditeur ne paie pas de commission à Apple.

Des services de streaming connus comme Spotify ou Netflix contournaient déjà la commission en n’offrant pas la possibilité de souscrire par l’appli. Mais ils ne pouvaient pas les orienter vers leur site Internet – à charge pour le consommateur de se débrouiller, ce qu’il faisait plus volontiers pour des plates-formes aussi populaires.

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Le nouvel accord prévoit aussi de donner plus de marge aux développeurs pour fixer les prix de leurs applis, des abonnements ou des achats au sein des applications.

Apple entend enfin créer un fonds d’aide aux petits éditeurs américains, gagnant moins d’un million de dollars par an pour toutes leurs applis aux Etats-Unis.

Position dominante

Avec ces concessions, le fabricant de l’iPhone espère sans doute relâcher la pression sur différents fronts. Du côté des tribunaux, Apple attend prochainement le verdict dans le procès que lui a intenté Epic Games. L’éditeur du jeu Fortnite, comme de nombreux autres petits et grands développeurs, reproche à Apple d’abuser de sa position dominante en prélevant des commissions trop élevées sur les dépenses des consommateurs et en leur imposant l’App Store comme intermédiaire incontournable entre eux et leurs utilisateurs.

Assailli par Epic Games, mais aussi Spotify ou encore la Commission européenne et des parlementaires américains, Apple a toujours mis en avant l’impératif de sécurité et de confidentialité des données. Si iOS mettait en place un système plus ouvert, l’App Store deviendrait « un grand bazar », avait assuré Tim Cook, le patron du groupe, au tribunal.

La boutique numérique est le seul endroit où les utilisateurs d’iPhone ou d’iPad peuvent télécharger des applis tierces. Comme iOS est le deuxième système d’exploitation mobile au monde, après Android (Google), ces consommateurs représentent un marché juteux. Ils ont dépensé 643 milliards de dollars sur des applications en 2020, d’après Apple.

Jusqu’à présent, le groupe avait principalement fait des concessions sur la commission, qui est de 30 % sur les ventes dans l’App Store et sur les achats de biens et services numériques au sein des applis − le niveau standard dans l’industrie.

Depuis le 1er janvier 2021, Apple applique un taux réduit de 15 % pour les nouveaux venus et les développeurs ayant réalisé moins d’un million de dollars de revenus (après commission) l’année précédente. C’était déjà le cas pour les abonnements, à partir de la deuxième année.

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« Aucune chance »

Pas sûr néanmoins que ces preuves de bonne volonté suffisent à amadouer les ennemis du groupe de Cupertino.

« Il est peu probable que [l’accord présenté jeudi] réussisse à satisfaire les développeurs », a réagi l’analyste Rich Greenfield, de Lightshed, sur Twitter. « Aucune chance », a renchéri Benedict Evans, un analyste indépendant spécialiste de la Silicon Valley.

Meghan DiMuzio, la directrice exécutive de l’association Coalition for App Fairness, qui regroupe des développeurs d’applications critiques à l’égard des pratiques d’Apple, à l’image d’Epic, de Spotify, Deezer ou ProtonMail, a vertement réagi aux annonces :

« L’offre d’accord factice d’Apple n’est rien de plus qu’une tentative désespérée d’éviter le jugement des tribunaux, des régulateurs et des législateurs du monde entier. (…) Si cet arrangement est approuvé, les développeurs seront toujours empêchés de communiquer à l’intérieur de leurs applications sur l’existence de prix plus bas ou de systèmes de paiement alternatifs [en dehors de l’univers d’Apple]. »

Quant aux autorités, elles ne semblent pas sur le point de changer de ton. Saisie d’une plainte de Spotify, la Commission européenne a estimé en avril que le groupe à la pomme avait bien « faussé la concurrence » pour évincer ses rivaux.

En août, des sénateurs américains ont proposé une loi pour réguler les deux boutiques dominantes et contraindre le duopole Google-Apple à s’ouvrir beaucoup plus à la concurrence.

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Le Monde avec AFP

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