Apple poursuivi en justice pour ne pas avoir banni Telegram

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Si la fermeture définitive du compte Twitter de Donald Trump a créé un précédent – que certains considèrent comme dangereux – le bannissement du réseau social Parler en a créé un autre. Faut-il totalement fermer l’accès aux plateformes accusées de laisser prospérer les discours haineux ? Une association américaine milite en ce sens.

La « Coalition for a Safer Web », un groupe à but non lucratif basé à Washington, a attaqué Apple en justice dimanche, exigeant que la firme supprime Telegram de son magasin d’application. L’application de messagerie se voit reprocher de ne pas avoir modéré les conversations appelant à la violence lors de l’assaut des partisans pro-Trump contre le Capitole le 6 janvier.

L’association cherche à mettre la pression sur le géant de la tech pour l’amener à agir contre Telegram, une messagerie russe, comme il l’a fait contre Parler, un réseau social très prisé par la droite radicale américaine. Il y a un peu plus d’une semaine, l’appli Parler, qui se présente comme un défenseur de la liberté d’expression, a été éjectée de l’App Store et du Google Store (et a même été « débranchée » par Amazon Web Services) . Tim Cook, le PDG de la marque à la pomme, a expliqué que cette suspension de la plateforme était due à une « incitation à la violence » dans le cadre de l’attaque du capitole.

Telegram « sème la désinformation et la division »

Créée en 2013 par Nikolai et Pavel Dourov, Telegram propose à la fois des espaces de discussion privés fermés et des groupes publics, que toute personne disposant de l’application peut rejoindre. La « Coalition for a Safer Web », qui lutte contre le contenu extrémiste sur les réseaux sociaux, juge que l’appli est utilisée comme « un canal de communication pour le gouvernement russe et les groupes nationalistes néonazis et blancs affiliés, semant la désinformation et la division raciale aux Etats-Unis et en Europe », selon un communiqué relayé par AppleInsider.

Le document allègue également que Telegram est utilisé pour « coordonner et inciter à la violence extrême » avant l’investiture du président élu Joe Biden. « Telegram se distingue en tant que super-diffuseur [du discours haineux], même par rapport à Parler », a déclaré le président de la coalition, Marc Ginsberg, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, dans une interview. Cela étant, Telegram viole les conditions de service fixées par Apple pour son App Store, estime la Coalition, qui prévoit des poursuites similaires contre Google.

Une appli basée à l’étranger, difficile à atteindre

Enflammés par les discours de Donald Trump – qui a répété que l’élection présidentielle lui avait été volée -, les réseaux sociaux ont largement joué un rôle dans l’assaut contre le capitole à Washington, ce qui a poussé les plateformes à modérer drastiquement les contenus appelant à la violence et à suspendre des milliers de comptes, dont celui du président des Etats-Unis.

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Privés de Twitter ou Facebook, de nombreux militants radicaux se sont rabattus sur d’autres applications, telles que Parler, Signal ou Telegram, qui ont enregistré un afflux de nouveaux utilisateurs les jours suivants. Cette poursuite contre Apple est un moyen d’atteindre Telegram, qui, en tant que service basé à l’étranger, peut être difficile à atteindre depuis les tribunaux américains.

Populaire auprès des populations qui cherchent à protéger leurs communications face à des régimes autoritaires (comme à Hong Kong ou en Iran), la messagerie chiffrée a aussi été accusée à de multiples reprises d’avoir permis à des réseaux terroristes tels que Daech de s’organiser.

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