Alcatel-Lucent pourrait sortir du CAC 40 comme PSA

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PARIS (Reuters) – Alcatel-Lucent pourrait subir une nouvelle déconvenue à la veille de Noël en sortant du CAC 40, le principal indice de la Bourse de Paris, et imiter ainsi PSA, les difficultés financières de l’équipementier télécoms ayant fait tomber la valeur à des plus bas historiques.

Le groupe franco-américain a publié la semaine dernière une perte d’exploitation pour le deuxième trimestre d’affilée, pénalisé par le recul des investissements des opérateurs télécoms qui affecte l’ensemble du secteur.

Tout comme PSA Peugeot Citroën jusqu’en septembre, retiré alors du CAC 40 au profit de Solvay, Alcatel-Lucent est présent sous différents noms dans le CAC 40 depuis la création de l’indice en 1987.

“Compte tenu du cours de Bourse d’Alcatel sur longue période, c’est inespéré pour la société d’être encore dans le CAC 40. Qu’Alcatel sorte du CAC 40, ce ne serait que la confirmation de la sanction du marché”, estime Christian Jimenez, président de Diamant Bleu Gestion.

Le conseil scientifique des indices de NYSE Euronext pourrait décider de remplacer l’équipementier, dont le nom était déjà avancé parmi les possibles sortants du CAC 40 aux côtés de PSA en septembre, par Gemalto, estiment dans une note les analystes d’Exane BNP Paribas.

“C’est vraiment le candidat le plus évident pour une éventuelle sortie du CAC, bien qu’il soit assez rare qu’il y ait un changement au cours de la réunion de décembre. Je crois qu’ils vont regarder ce que le titre fait dans les prochaines semaines ainsi que les perspectives de la société”, explique Christophe Wakim, analyste chez Exane BNP Paribas.

Selon des sources proches du dossier, le groupe, qui souffre d’une consommation élevée de trésorerie, réfléchit à céder son unité dédiée aux câbles sous-marins et son activité de fabrication d’équipements de téléphonie pour les entreprises afin de tenter de renforcer son bilan.

“AFFAIBLISSEMENT”

“Lorsque l’on doit vendre des actifs pour se refinancer, on est contraint de céder ses plus belles activités. C’est un affaiblissement car l’on se prive des cash flows futurs de ces activités. En outre, le contexte n’est pas favorable à la vente d’actifs à un prix intéressant”, prévient Christian Jimenez.

Ce dernier souligne en revanche la qualité de Gemalto, une société bien gérée, présentant un potentiel de développement intéressant, selon le gérant.

La jeune entreprise, née en 2006, s’est imposée comme un leader mondial des solutions de sécurité numérique. Spécialisée dans les cartes à puces, elle a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards d’euros et emploie 10.000 personnes dans une quarantaine de pays.

Son poids en Bourse atteint aujourd’hui 6,1 milliards d’euros, soit trois fois celui d’Alcatel. L’ancien champion, plus petite capitalisation boursière du CAC 40, occupe le 85e rang en la matière dans le SBF 120, avec 1,83 milliard d’euros, soit 15 fois moins que début 2007.

Depuis le début de l’année, Alcatel-Lucent a fondu de 35%, ramenant son capital flottant – partie du capital d’une société pouvant être effectivement échangée en Bourse et pris en compte par NYSE Euronext – à 1,75 milliard d’euros, contre 5,8 milliards pour Gemalto (+85% depuis le début de l’année).

Le titre est également la victime d’un niveau important de ventes à découvert – titres qu’un investisseur ne détient pas encore mais dont il anticipe la baisse – avec un ratio de 16,3%, le plus élevé du CAC 40, dont le taux moyen est à 3,4%, selon des données Markit.

Selon les analystes d’Exane BNP Paribas, qui évoquent également un possible remplacement de Dexia dans le SBF 120 par AB Science, les décisions de NYSE Euronext devraient être annoncées le mercredi 19 décembre après la clôture du marché pour être effectives dès la séance du lundi suivant, le 24 décembre.

NYSE Euronext et Alcatel-Lucent n’ont pas souhaité faire de commentaire.

L’action Alcatel-Lucent, qui a touché un plus bas historique le 11 octobre à 0,71 euro, recule de 0,13% à 0,787 euro à 14h50, soit la moitié de sa valeur comptable et Gemalto évolue à l’équilibre à 69,50 euros.

Avec Gwénaëlle Barzic et Leila Abboud, édité par Jean-Michel Bélot

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