TeliaSonera rachète à Tele2 sa filiale mobile norvégienne

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STOCKHOLM (Reuters) – L’opérateur suédois Tele2 a annoncé lundi la vente de sa filiale mobile norvégienne à son concurrent TeliaSonera pour 5,1 milliards de couronnes suédoises (547 millions d’euros), une opération qui constituera un nouveau test de l’attitude des autorités européennes face au mouvement de consolidation du secteur.

Cette cession intervient après l’échec subi par Tele2 en décembre lors des enchères organisées pour l’attribution de fréquences mobiles en Norvège, qui a privé le groupe des moyens d’assurer son développement futur sur ce marché.

En conséquence, la Norvège ne connaîtra plus que deux grands opérateurs mobiles “historiques”, TeliaSonera et Telenor, et un nouvel entrant, Access Industries, l’acquéreur des fréquences perdues par Tele2.

Avant d’approuver la vente, les autorités norvégiennes devraient donc réclamer des concessions à TeliaSonera afin d’éviter la formation d’un duopole et de préserver la concurrence. Cela pourrait passer par la vente de la totalité du réseau mobile de Tele2, estiment des analystes.

“Nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une opération que nous pouvons mener à bien, sinon nous ne l’aurions pas annoncée”, a déclaré le directeur général de TeliaSonera, Johan Dennelind, lors d’une téléconférence.

Il s’est toutefois refusé à préciser quelles concessions son groupe proposerait aux autorités de la concurrence.

TeliaSonera a par ailleurs promis d’accélérer le déploiement de la 4G en Norvège, expliquant viser désormais une couverture de 98% de la population en 2016 au lieu de 2018.

S’il obtient l’aval des autorités, TeliaSonera verra sa part de marché en Norvège passer de 23% à 40%, soit 2,7 millions de clients contre 3,2 millions pour Telenor. Le groupe dit prévoir des synergies de coûts d’au moins 800 millions de couronnes par an à partir de 2016.

CONCENTRATION EUROPÉENNE

Pour John Strand, un consultant spécialisé, les autorités pourraient exiger la vente d’une au moins des marques mobiles de Tele2, ou l’ouverture de son réseau à des opérateurs virtuels (MVNO).

“L’autorité norvégienne de la concurrence n’est pas du genre à se laisser faire”, a-t-il dit. “Obtenir le feu vert sur ce dossier ne sera pas une promenade de santé.”

L’action TeliaSonera gagnait 2,16% à 50,70 couronnes vers 12h35 GMT à la Bourse de Stockholm et Tele2 prenait 1,9% à 83 couronnes. A Oslo, Telenor s’adjugeait 2,42% à 143,7 couronnes norvégiennes.

Pour Tele2, qui s’est déjà désengagé l’an dernier du marché russe, la transaction représente une plus-value d’environ deux milliards de couronnes. L’opérateur a expliqué qu’il était trop tôt pour dire ce qu’il prévoyait de faire de ces fonds, ajoutant qu’il était peu probable qu’il investisse de nouveaux marchés.

L’accord TeliaSonera-Tele2 est la dernière en date des multiples opérations de fusions-acquisitions annoncées ces derniers mois sur le marché européen des télécoms.

La semaine dernière, la Commission européenne a donné son feu vert au rachat d’E-Plus, la filiale allemande du néerlandais KPN par l’espagnol Telefonica pour 8,6 milliards d’euros. En mai, le conglomérat de Hong Kong Hutchison a acquis la filiale irlandaise de Telefonica, ramenant de quatre à trois le nombre d’opérateurs en Irlande.

Dans les deux cas, les autorités ont obligé l’acquéreur à ouvrir son réseau à des concurrents plus petits en leur louant des capacités, afin de maintenir la concurrence et d’éviter une envolée des prix.

En France, après l’annonce du rachat de SFR par Numericable, les spéculations vont bon train sur l’avenir de Bouygues Telecom et la pérennité d’un modèle à quatre grands opérateurs propriétaires de leur réseau.

(Sven Nordenstam et Leila Abboud; Patrick Vignal et Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)

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