Des étudiants en alternance de l’ETNA sont en train de développer un jeu vidéo pour non et malvoyants. Baptisée « L’Œil blanc », l’aventure repose sur des effets audio en 3D grâce auxquels le joueur peut évoluer.
Qui dit jeux vidéo, dit images… De fait, l’univers des gamers n’est malheureusement pas accessible aux personnes souffrant de gros handicaps visuels. Il existe très peu de jeux adaptés aux problèmes de vue. Pour pallier cette carence, il est nécessaire d’utiliser du son spatialisé pour que le joueur puisse évoluer dans les scènes. C’est justement sur ce créneau compliqué que se sont engagés Anthony Cadet, Filip Iricanin, Faouzi Kridagh, Houssam Lameche et Andrew Lancien, tous étudiants en alternance de l’ École des technologies avancées (ETNA).
Issus de la promotion 2019, ils ont imaginé et conçu « L’Œil blanc », un jeu pour mobile reposant à 100 % sur l’audio. Il a reçu le prix de l’innovation lors du concours des Grands Projets 2019 de l’ETNA. Pour y parvenir, il fallait développer un univers audio 3D proche de la réalité. « L’Œil blanc » fonctionne comme un jeu classique, mais évidemment sans sa partie visuelle. Le joueur incarne Lunark, un vieux cordonnier ayant perdu la vue. Il vit avec sa fille qui va être enlevée et l’objectif consistera donc à la retrouver. Pour se repérer et se déplacer dans l’obscurité, le joueur se base sur le volume, la distance et la profondeur des sons.
« L’idée nous est venue lors d’une discussion. Alors que certains membres de l’équipe souhaitaient développer un projet pour les non et malvoyants à ce moment même, un autre membre de l’équipe regardait une bande-annonce d’un jeu vidéo. C’est à ce moment que nous avons eu le déclic. À la suite de nos recherches, nous avons constaté qu’il y a très peu de jeux vidéo accessibles aux non et malvoyants. Nous souhaitons donc y contribuer pour élargir leur divertissement », a expliqué à Futura, Houssam Lameche, l’un des créateurs du jeu.
Filip Iricanin présente le jeu « L’Œil blanc ». Le projet a été primé dans la catégorie Innovation lors du concours des Grands Projets 2019 de l’ETNA. © ETNA
Un projet qui implique des testeurs non-voyants
Le projet a été développé avec des malvoyants, et notamment le jeune Idriss qui a porté un grand intérêt au projet et adressé plusieurs retours et suggestions pour améliorer le jeu. Houssam Lameche souligne que l’équipe reste toujours à la recherche de nouvelles personnes qui souhaitent participer aux futurs tests.
Au niveau des difficultés, le porte-parole de l’équipe avoue que, outre l’apprentissage d’un moteur de jeu, la plus grande difficulté fut la réalisation des effets sonores, la musique et le doublage. « L’équipe est en train de développer le prologue qui, on l’espère, sera disponible en fin d’année, explique l’étudiant. Il sera réalisé avec des doubleurs professionnels et des musiques exclusivement composées pour l’Œil blanc ». Pour le moment, le jeu est loin d’être fini et il est d’ailleurs toujours en développement.
Il a été porté chez l’incubateur de start-up IONIS 361. Dans les prochains mois, les étudiants comptent enchaîner sur le développement du premier chapitre du jeu en 2021. L’équipe voudrait idéalement pousser l’immersion en envisageant la possibilité d’utiliser un bracelet connecté pour la partie sensitive et pour les non-joueurs faire de « L’Œil blanc » un livre audio.
Pour ce qui est des types de jeux, Houssam Lameche explique qu’il n’est malheureusement pas envisageable d’appliquer cette méthode à toutes les catégories de jeux vidéo. Ainsi, « l’Œil blanc » est un jeu d’aventure, catégorie dans laquelle le visuel n’est pas indispensable comme il pourrait l’être pour les jeux de combats et de sports. Il pourrait néanmoins être possible d’appliquer ce procédé dans des jeux de type infiltration-espionnage, horreur, réflexe, puzzle, détective.
Article réalisé en partenariat avec les équipes de l’ETNA
- L’Œil blanc est un projet de jeu vidéo conçu par des étudiants de l’ETNA.
- Pour évoluer dans le jeu, le joueur s’appuie sur des effets sonores en 3D.
- Le projet est toujours en phase de développement et est en cours d’incubation chez IONIS 361.