L’actionnariat de Telecom Italia à un tournant

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par Pamela Barbaglia

LONDRES (Reuters) – Le pacte d’actionnaires de Telecom Italia ne tient plus qu’à un fil et sa dissolution pourrait ouvrir la porte à des investisseurs activistes qui voient des perspectives de profit dans le redressement de l’opérateur télécoms italien.

A compter de ce 15 juin, les actionnaires financiers Mediobanca, Generali et Intesa Sanpaolo sont libres d’engager la dissolution du pacte d’actionnaires noué en 2007 avec Telefonica au sein de la holding Telco, qui contrôle Telecom Italia avec 22% du capital.

Jusqu’ici, le verrouillage du capital de Telecom Italia par Telco avait dissuadé les prétendants.

Marco Fossati, dont le véhicule d’investissement Findim détient 5% du capital, a tenté sans succès en octobre de renverser le conseil d’administration qu’il accusait d’agir dans l’intérêt du noyau dur d’actionnaires et non de l’entreprise.

Mais la nomination récente d’administrateurs indépendants et la dissolution probable de Telco ouvrent de nouvelles perspectives, que le monde italien des affaires ne manquera pas de suivre avec attention.

Generali, qui détient 19,3% de Telco, a d’ores et déjà fait savoir mercredi qu’il demanderait sa sortie du pacte.

Le fonds activiste américain Amber Capital a déjà mis un pied en travers de la porte en prenant une participation symbolique de moins de 1% et l’un de ses gérants, Giorgio Martorelli, a dit s’attendre à l’arrivée d’autres nouveaux actionnaires.

“Dans le cas de Telecom Italia, les investisseurs activistes soutiendront des initiatives visant à réduire l’endettement du groupe, à réduire son exposition au Brésil et à (…) créer de la valeur”, a-t-il expliqué.

Amber Capital veut aussi convertir les actions d’épargne de Telecom Italia en actions ordinaires afin de simplifier la structure du capital et favoriser sa liquidité.

Telecom Italia a besoin de nouveaux actionnaires pour réduire sa dette qui se monte actuellement à 27,5 milliards d’euros.

UN EXEMPLE POUR L’ITALIE ?

Les investisseurs activistes – principalement des fonds spéculatifs – ciblent des entreprises qui sous-performent en Bourse ou qui sont mal gérées. Devenus actionnaires, ils mettent la pression sur le conseil d’administration pour qu’il réduise les coûts et opère un recentrage sur les activités les plus rentables, en misant sur un redressement du cours de Bourse qui leur permettront de rentabiliser leur investissement.

Le phénomène, parti des Etats-Unis, gagne peu à peu l’Europe, à en croire Eric Knight, le directeur général de la société d’investissement Knight Vinke qui s’est fait une spécialité d’investir dans de grandes entreprises du continent en défendant une approche consensuelle.

En Italie, RCS MediaGroup, le groupe propriétaire du journal Corriere della Sera, a mis fin en octobre à son pacte d’actionnaires qui contrôlait 60% du capital. Depuis, le conflit qui oppose ses deux actionnaires historiques, Diego Della Valle et John Elkann, pourrait favoriser l’entrée de fonds activistes, selon Giorgio Martorelli.

Gruppo Save, opérateur de l’aéroport Marco Polo de Venise, a aussi réorganisé récemment son pacte d’actionnaires à la grande satisfaction d’Amber Capital.

Le fonds fait aussi campagne pour des changements chez Salini Impregilo, le premier groupe de construction italien, ou au sein du groupe laitier Parmalat, contrôlé par le français Lactalis.

Giuseppe Recchi, le président du conseil d’administration de Telecom Italia, accueille ces initiatives avec réserve.

“Il y a de la place pour les activistes en Italie tant qu’ils font des propositions constructives, de long terme”, a-t-il dit à Reuters.

(Véronique Tison pour le service français)

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