La vie est Belt car upcyclée

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Le temps où Hubert Motte vendait ses ceintures fabriquées en pneus de vélos recyclés dans la cave de sa colocation paraît si loin car depuis la création de La Vie est Belt, 40 000 produits ont été vendus.

La Vie est Belt, oui, mais qu’est-ce qu’elle propose ?

Hubert Motte : La Vie est Belt conçoit des accessoires éco-responsables en matières « upcyclées », fabriqués en France dans des ateliers solidaires du nord de la France : ceintures, sous-vêtements, petits accessoires créés à partir de pneus de vélos, de cordes d’escalade, de tuyaux de lance-incendie et de linge de maison.

Hubert Motte, fondateur de La vie est belt © Pitinome

Pourquoi votre start-up va changer le monde ?

Hubert Motte : Nous sommes partis de constats à la fois simples et alarmants : plus de 10 millions de pneus de vélos sont brûlés chaque année en Europe et la mode est devenue la 2e industrie la plus polluante au monde après le pétrole ! L’humanité vit à crédit car elle consomme trop rapidement toutes les ressources naturelles qu’offre la Planète alors que nos régions regorgent de tonnes de matières aujourd’hui encore non revalorisées pour redevenir des matières premières. Depuis le début, La Vie est Belt, nous avons ainsi revalorisé 12 tonnes de caoutchouc et 2 tonnes de textiles. L’impact est environnemental mais aussi social car nous avons participé à la création de 12 emplois dont 7 solidaires en confiant la confection de nos produits à AlterEos, qui emploie plus de 79 % de personnes fragilisées par un handicap. Nous collaborons aussi avec d’autres entreprises actives sur l’upcycling comme La Virgule, par exemple.

Les accessoires à partir de pneus de vélo recyclés. © La vie est belt

Comment a grandi le projet ?

Hubert Motte : Étudiant à l’Icam, j’ai assez vite voulu me plonger dans le concret du monde professionnel avec une alternance chez Decathlon. Une expérience enrichissante au niveau de la conception des produits mais moins au niveau de l’impact environnemental… Et plutôt que de produire des déchets, si nous les utilisions ? Et si ça permettait en plus de créer de l’emploi local dans une région particulièrement touchée par le chômage ? La Vie est Belt est partie de là. Mordu de vélo, j’ai alors pensé aux pneus qui sont difficiles à recycler. Comme je crois beaucoup à la débrouillardise, j’ai alors monté un atelier dans la cave de ma colocation de l’époque et me suis renseigné sur les techniques de confection de ceintures. Il y a eu alors un effet boule de neige, j’ai pu alors créer l’entreprise et commencer à concevoir les produits à échelle plus importante.

Quelle est la suite de l’histoire ?

Hubert Motte : Depuis 2017, l’équipe a grandi et nous avons pu monter le projet de la Belterie pour gérer les aspects de fabrication et de logistique grâce au soutien de la mairie de Roubaix. Ce sera notre nouveau camp de base dans une friche industrielle textile sur 400 m2 où on y trouvera nos bureaux, la production, la logistique, un magasin d’usine, un espace de shooting. On organisera pour les entreprises et le grand public des ateliers pour faire soi-même sa ceinture en pneus de vélo ! Nous avons aussi étendu la gamme de produits à partir de nouvelles matières recyclées comme les cordes d’escalade, les tuyaux de lance-incendie et les linges de maison. À plus long terme, l’ambition est de continuer à grandir mais à échelle humaine, en autofinancement, pour garder toute cette liberté de choix et rester conformes à nos convictions.

La Belterie est le « camp de base » pour l’entreprise d’upcycling, installée dans une friche industrielle textile sur 400 m2. © La vie est Belt 

Si vous étiez Premier ministre, quelle mesure phare mettriez-vous en place ?

Hubert Motte : Il faudrait vraiment des règles plus favorables à l’upcycling, donc de revaloriser la matière sans la broyer, notamment sur la TVA de 20 % que nous payons alors qu’elle a déjà été versée une première fois dans sa précédente vie. Et puis, c’était d’ailleurs le sujet d’une de mes interventions à un TEDx, il faut bien dire que le recyclage, ça pollue ! Beaucoup d’acteurs se cachent derrière ce mot, alors que la priorité est plutôt avant tout de consommer moins et mieux. Les pouvoirs publics ont donc un rôle à jouer pour inciter à concevoir des produits durables, réutilisables et au final recyclables.

À quoi va ressembler le monde en 2050 ?

Hubert Motte : Je ne suis pas pleinement confiant mais je garde de l’espoir quand je vois tout ce pan de l’industrie qui se bouge et agit. Il reste beaucoup de chemin à faire mais ça permet au moins d’avancer et d’inciter les autres à changer. Je reste positivement étonné du nombre de messages reçus de personnes qui nous remercient de les avoir poussés à faire évoluer leur comportement ou qui ont changé de travail pour un autre avec plus de sens et d’impact.

Quel sujet d’actualité de Futura vous a passionné ?

Hubert Motte : Celui intitulé : « Si la France n’émet que 1 % des émissions de CO2 mondial alors à quoi ça sert de faire des efforts ? ». C’est si facile de toujours dire qu’il y a plus pollueur que nous. Déjà, ce 1 % ne prend pas en compte la pollution réalisée chez les autres mais pour notre confort ! Et puis ne sommes-nous pas tous responsables de cultiver notre propre jardin ? Allez ! je m’en retourne à mon vieux Candide.

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