La France lance un appel pour concevoir des « munitions rôdeuses »

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  Aux États-Unis, le département de la Défense a testé avec succès un groupe de 103 microdrones largués depuis trois avions de combat. Mus par une intelligence artificielle, ces petits engins de 16 centimètres de long ont démontré leur capacité à voler en formation et à prendre des décisions pour s’adapter aux circonstances. 

Avec la guerre en Ukraine, la survenue d’un conflit de haute intensité aux portes de l’Union européenne a bouleversé les ambitions militaires des pays européens. Certains États comme l’Allemagne ont donc recalculé le budget alloué aux forces armées. De son côté, la France a décidé de mettre à jour son arsenal. Le ministère des Armées a diffusé sur son site Internet un communiqué, relayé par Opex360 le 9 mai, concernant deux appels à projets portant sur la conception de munitions rôdeuses. Ces drones kamikazes emportant une charge explosive, dirigés par un opérateur, sont capables de voler en autonomie avant d’engager une cible désignée. Les munitions rôdeuses, utilisées depuis le milieu des années 2010, ont fait l’objet d’une attention particulière au début du mois de mai, les États-Unis livrant désormais des drones Switchblade et Ghost Phoenix à l’Ukraine. 

Rattraper le retard technologique

Les deux appels à projets, Colibri et Larinae, font partie de la stratégie du ministère des Armées, visant à « conduire et préparer plusieurs opérations d’armement dans le domaine des drones de contacts et des drones tactiques ». Larinae doit être en mesure de détruire un véhicule blindé dans un rayon de 50 km autour de son point de déploiement, avec une autonomie de vol minimale de 60 minutes. Colibri devra être efficace à plus courte portée, avec une autonomie de vol de 30 minutes et une portée de 5 km. 

L’armée française est déjà équipée de drones servant à la reconnaissance et au renseignement, tels que le Black Hornet ou l’Anafi USA. Mais elle pourrait s’équiper d’unités capables de « neutraliser », de détruire une cible ennemie. Concernant les munitions rôdeuses, de nombreux pays européens et membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) accusent du retard.

Un article de Défense et Sécurité Internationale (DSI) publié en 2021 rappelait ainsi que de nombreux pays avaient entamé une transition vers la conception et l’utilisation de munitions rôdeuses, parmi lesquels la Turquie, la Russie, la Pologne, la Chine ou encore les États-Unis. L’Israël domine largement ce marché avec, notamment, les IAI Harpy et IAI Harop, ce dernier modèle ayant été utilisé en 2020 durant le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh.

Les drones kamikazes, la munition incontournable de demain ?

Les premières ébauches de munitions rôdeuses ont débuté dans les années 1980 en Israël, mais ces drones n’ont été utilisés pour la première fois qu’une trentaine d’années plus tard, lors de la Guerre de Quatre Jours menée dans le Haut-Karabakh. Les drones kamikazes tels que le Switchblade ou l’Harop sont à distinguer des drones américains Predator et Reaper ou des unités turques Bayraktar TB-2, tant sur les caractéristiques que sur leurs utilisations respectives.

Un drone MQ-1 Predator mesure 8 mètres sur 12,5 mètres ; il peut mener des opérations de reconnaissance jusqu’à 740 kilomètres de distance ou encore larguer des missiles tels que l’AGM-114 Hellfire sans être détruit. À échelle comparative, un Switchblade 300 ne mesure que 50 centimètres, avec une portée d’environ 10 kilomètres. Mais, à l’inverse du Predator, le Switchblade va s’écraser contre sa cible, s’autodétruisant dans la manœuvre. Ces appareils relativement récents sont toutefois sujets à certaines idées reçues : en avril 2021, un article publié sur le site de la RTBF signalait que les munitions rôdeuses choisissaient elles-mêmes leurs cibles. Une assertion fondamentalement fausse, ces drones de combat étant pilotés à l’aide de tablettes par des opérateurs au sol.

Difficile de prédire si l’utilisation des drones kamikazes se démocratisera dans les années à venir. L’annonce du ministère des Armées pourrait pointer vers une volonté de s’adapter aux enjeux des conflits de demain, alors que les tensions géopolitiques se ravivent depuis le 24 février. Il faudra néanmoins quelques années pour assister à la création de munitions rôdeuses françaises. L’appel à projet se termine le 6 juillet, tandis que les futurs drones ne seront mis en circulation qu’en 2024.

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