[Etude] Gafanomics par Fabernovel : Apple au plus haut, Alphabet touché mais pas coulé

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Les marchés sont volatiles, c’est bien connu, et la dernière livraison des GAFAnomics quaterly réalisés par Fabernovel vient opportunément le rappeler. Il y a un trimestre – quasiment il y a un siècle – “la situation était difficile, notamment avec les difficultés rencontrées par WeWork, si bien qu’on se demandait si on allait ou non vers le krach” se souvient Jean-Christophe Liaubet.

 

Un microsoft virtuel créé en trois mois

Trois mois plus tard, les vingt valeurs tech de l’échantillon de Fabernovel ont une capitalisation boursière record – la période de référence de l’étude va du 7 novembre 2019 au 7 février 2020. L’indice des 20 entreprises techs (qui comprend des entreprises asiatiques comme Baidu ou Samsung) est le secteur qui a le plus crû, affichant un +18%, quand le secteur numéro 2 (la santé) n’est qu’à 10%. Et tous les indicateurs sont au vert. Au dernier trimestre étudié, les ventes des 20 entreprises ont augmenté de 23%, le résultat avant taxes et impôts (Ebit) de 17% et le flux de trésorerie disponible (FCF) de 20%.

 

Pour synthétiser l’ampleur du phénomène, les experts de Fabernovel indiquent qu’en un trimestre la capitalisation des 20 entreprises a atteint 1,3 trillion de dollars, soit la capitalisation annuelle de Microsoft. Ou pour le dire : avec tout l’argent capitalisé en un trimestre, on pourrait créer ex nihilo un nouveau Microsoft aussi gros que celui d’aujourd’hui. 

 

Les vedettes : Apple et Tesla

Ces bons résultats financiers expriment “la confiance des analystes et des opérateurs de marchés dans les stratégies et les modèles économiques de ces entreprises” explique Jérémy Taieb, analyste financier chez Fabernovel. C’est par exemple le cas de Netflix, dont le résultat d’exploitation a bondi de 113%. Mais pour Fabernovel, le top du trimestre est du côté de Tesla, dont la capitalisation boursière a été multiplié par deux en un trimestre. Pour le second trimestre l’entreprise dégage du profit, ce qui constitue d’autant plus une bonne nouvelle que cela se fait alors qu’elle investit dans des usines. Entendez que si elle arrêtait de le faire, les marges s’amélioreraient encore. Les financiers l’ont bien noté. 

 

Apple est aussi désigné comme la surprise en bien du trimestre avec d’excellents résultats, enregistrant le plus beau revenu trimestriel de son histoire… grâce au succès de l’iPhone 11. Le modèle d’Apple est construit de telle manière que plus de téléphones vendus, c’est plus de services consommés, soit un effet multiplicateur des plus intéressants sur tous les tableaux. 

 

Alphabet et Facebook : ça va, mais ça pourrait être mieux

Le flop est à aller chercher du côté d’Alphabet, en raison du ralentissement des revenus liés à l’activité de la recherche en ligne, sans que les revenus de diversification ne prennent vraiment le relais. Ainsi YouTube a déçu avec “seulement” 15 milliards de dollars en un an contre les 20 attendus par les analystes. Résultat : le résultat ressort 7% en dessous des attentes du marché. Pour ceux qui s’inquièteraient, il faut noter qu’il atteint 9,2 milliards de dollars en hausse de… 14%. Mais les financiers attendaient plus et n’aiment pas être déçus. 

 

L’étude de Fabernovel va au-delà des derniers résultats et revient aussi sur la dernière décennie passée. Parmi les enseignements les plus frappants figure l’écart existant entre les résultats économiques dans l’économie réelle et leur traduction financière. Le cas de Facebook, à cet égard, est singulier. L’entreprise de Mark Zuckerberg a vu son cours de bourse multiplié par 6 quand ses ventes ont été multipliées par 14. L’évolution du cours de bourse de Microsoft est la même, alors que ses ventes n’ont que doublé sur la période. A titre de comparaison, avec des ventes multipliées par 11, Amazon a vu son cours être multiplié par 20. Faut-il y voir une méfiance pour la pérennité de l’entreprise dirigée par Zuckerberg ? L’entreprise paie-t-elle les doutes sur sa politique en matière de protection des données personnelles suite à l’affaire Cambridge Analytica, de sorte que les boursiers se méfient ? 

 

Un défi : le durable 

L’étude s’intéresse aussi aux politiques environnementales menées par les entreprises du secteur de la tech, en étudiant toutes les ambiguités. Si, expliquent les analystes, il est incontestable que les firmes du secteur font des efforts, il faut suivre de près leurs actions auprès de leurs fournisseurs et de leurs sous-traitants pour avoir un tableau complet de leurs actions.

 

Par ailleurs, elles sont face à un véritable dilemme. D’un côté de plus en plus de fonds et d’investisseurs suivent de près les stratégies des entreprises de la tech en matière environnementale. De l’autre, les business models de ces entreprises reposent sur une croissance du nombre d’utilisateurs de leurs services qui les consomment toujours plus longtemps. Cela révèle aussi “des demandes contradictoires des parties prenantes : investisseurs, consommateurs mais aussi salariés,” rappelle Agathe Martin, directeur de projet chez Fabernovel Alpha. Les employés veulent une entreprise qui leur offre du sens et un engagement responsable, mais se satisfont aussi de travailler chez un employeur en forte croissance à même de leurs proposer des projets et de la mobilité. Combien se valorise la schizophrénie des humains sur les marchés ? L’étude est consultable ici.

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