Déverrouillage des téléphones : la justice américaine relance son offensive contre Apple

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A Santa Monica, en Californie, en février 2016. Lucy Nicholson / REUTERS

Trois ans après l’affrontement de 2016 entre Apple et le FBI à propos du déverrouillage du téléphone du terroriste de San Bernardino, en Californie – Syed Farook, employé d’un centre social, avait tué quatorze personnes qui participaient à une fête de Noël, début décembre 2015 –, une nouvelle épreuve de force s’est engagée entre le gouvernement et le géant de l’électronique, qui a fait de la défense de la protection de la vie privée de ses usagers une priorité.

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Lundi 13 janvier, le procureur général des Etats-Unis, William Barr, a déploré qu’Apple n’ait pas apporté « d’assistance substantielle » aux policiers qui s’efforcent d’accéder aux deux iPhone appartenant à l’auteur de la fusillade de la base navale de Pensacola – Mohammed Alshamrani, un jeune militaire saoudien en stage d’entraînement, avait tué trois militaires, début décembre 2019, en Floride.

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L’entreprise de Cupertino a répondu qu’elle avait fourni « de nombreux gigabytes d’informations » aux autorités – vraisemblablement, les données stockées sur le cloud (l’informatique dématérialisée) –, mais réaffirmé son opposition à tout ce qui affaiblirait le chiffrement des données, et notamment à la mise en place de backdoors (« portes dérobées ») permettant de contourner les mots de passe, comme le réclament les autorités. « Il n’existe pas de porte dérobée juste pour ceux qui sont du bon côté, a-t-elle fait valoir dans un communiqué. Les backdoors peuvent aussi être exploitées par ceux qui menacent la sécurité nationale et celle des données de nos clients. »

Deux compagnies se sont spécialisées dans le déverrouillage

D’abord présenté comme un désaxé, puis, lundi, comme « animé par l’idéologie djihadiste » par le ministre de la justice, le tireur de Pensacola possédait deux modèles anciens, un iPhone 5 et un iPhone 7+. Avant la fusillade, il avait endommagé ses appareils. Le FBI a réussi à les relancer, mais sans parvenir à forcer les mots de passe, pas plus que n’y sont parvenus les auxiliaires privés auxquels les polices ont désormais recours, faute d’obtenir la coopération d’Apple. « C’est une requête très simple, s’est agacée une porte-parole du département de la justice, citée par le New York Times. Est-ce qu’Apple va nous aider ou non à entrer dans le téléphone du tireur ? »

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En 2016, le FBI avait poursuivi Apple en justice pour obtenir l’accès à l’iPhone 5C de Syed Farook. Le directeur du bureau fédéral, à l’époque James Comey, avait fait valoir qu’il ne s’agissait pour la compagnie que d’écrire quelques lignes de code qui ne s’appliqueraient qu’au téléphone incriminé. Le président d’alors, Barack Obama, s’était rangé du côté du FBI. Tim Cook, le PDG d’Apple, s’était insurgé, soutenant que se plier aux exigences des enquêteurs créerait un précédent que toutes les polices du monde pourraient invoquer pour surveiller leurs citoyens pour des motifs variés. La plainte avait été classée, lorsque le FBI avait réussi à pirater le téléphone grâce à des spécialistes privés.

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