Comment Apple veut transformer ses iPhone en terminaux de paiement

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De petites acquisitions annoncent parfois de grands projets stratégiques. C’est peut-être le cas avec le discret rachat par Apple, révélé par l’agence Bloomberg, de la start-up canadienne Mobeewave, un des pionniers du concept de terminal de paiement 100 % mobile. Objectif de la firme de Cupertino : transformer un simple iPhone en un terminal de paiement sans contact et sans boîtier/accessoire.

Depuis une dizaine d’années déjà, des fintech, comme Square, proposent aux commerçants des solutions d’encaissement depuis leur smartphone mais en l’associant avec un boîtier connecté. Jusqu’ici, Apple s’était tenu à l’écart de ce marché. D’ailleurs, Mobeewave avait conclu l’an dernier un accord mondial avec Samsung, son meilleur ennemi.

Mais l a montée en puissance des paiements sans contact et la généralisation de la technologie NFC dans les smartphones ont changé la donne. Non seulement une simple application peut désormais transformer un téléphone en terminal de paiement, mais de nouveaux usages de paiement se sont imposés chez les commerçants.

De graves implications pour les banques

Déjà fortement présent dans le paiement mobile (Apple Pay) auprès des particuliers, Apple y voit l’opportunité de gagner encore du terrain dans les paiements en ciblant désormais les commerçants, pour leur proposer demain un service d’acquisition des transactions « made in Apple ».

Pour l’heure, ce marché de « l’acquisition » reste largement dominé par les banques et quelques grands prestataires de services de paiement (PSP), comme Worldpay ou Worldline en Europe.

Sur son blog personnel, Christoffer Hernaes, directeur de la banque en ligne norvégienne Sbanken, a perçu le danger : « Cette acquisition pourrait avoir de graves implications pour les banques ».

Selon lui, « la possibilité d’authentifier un paiement sur le propre téléphone du commerçant peut être l’étincelle qui accélère les paiements mobiles » et permettre à Apple« de devenir la principale interface client pour les paiements ».

Apple pourrait ainsi fournir aux commerçants un moyen d’acceptation des paiements par carte ou par téléphone sur iPhone/iPad, dans un environnement connu par tous et simple d’utilisation, sans passer par les solutions des banques.

Des enjeux considérables

Les enjeux sont extrêmement importants : les paiements génèrent en eux-mêmes des revenus importants et, surtout, ils apportent des connaissances sur les clients qui peuvent être exploités. Même si Apple applique une politique de non-conservation des données de paiement.

« Pour gagner la bataille des paiements, il faut disposer du réseau d’acceptation le plus large possible, et Apple conserve une longueur d’avance sur ses concurrents Google ou Samsung », constate Angelo Caci, directeur général du cabinet de conseil Syrtals Cards.

Aux Etats-Unis, Apple Pay serait devenu la première « app » de paiement mobile en magasin et concentre 40 % du paiement mobile. En France, Apple Pay a su nouer des partenariats avec la totalité des réseaux bancaires et vient de nouer un accord, le premier du genre en Europe, avec le distributeur Carrefour .

Les nouvelles ambitions d’Apple pourraient en revanche faire à nouveau sourciller les autorités de la concurrence. En Europe, la Commission européenne vient de lancer deux enquêtes antitrust sur le géant américain, dont l’une vise Apple Pay.

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