Alcatel s’attelle à sa restructuration la semaine prochaine

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NEW YORK/PARIS (Reuters) – Le conseil d’administration d’Alcatel-Lucent va discuter de la mise en oeuvre du plan de restructuration annoncé en juillet prévoyant 5.000 suppressions d’emplois dans le monde lors d’une réunion attendue la semaine prochaine, a-t-on appris de trois sources proches du dossier.

Cette réunion intervient après plusieurs mois de vaste réflexion sur l’activité de l’équipementier dirigé par le néerlandais Ben Verwaayen qui tente maintenant depuis quatre ans de redresser le groupe issu de la fusion du français Alcatel et de l’américain Lucent en 2006.

A l’ordre du jour, figurera le dossier sensible des suppressions d’emplois en Europe et notamment en France où le groupe emploie 9.500 personnes.

Le président du conseil, le français Philippe Camus, sera d’ailleurs reçu ce jeudi par la ministre de l’Innovation et de l’Economie numérique Fleur Pellerin et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg qui a fait part de sa préoccupation sur la situation de l’entreprise.

Le conseil de l’équipementier franco-américain devrait également discuter des solutions pour améliorer la monétisation de son portefeuille de 29.000 brevets, un accord conclu avec la société RPX Corporation à cet effet n’ayant pas produit les résultats escomptés, a-t-on dit de mêmes sources.

Le groupe a consulté plusieurs banques d’affaires depuis le début de l’été afin de réfléchir à différentes options pour renouer avec la rentabilité et réduire sa consommation importante de trésorerie même s’il n’a pas officiellement engagé un établissement, ont dit les sources.

Aucune cession majeure ne devrait être annoncée à court terme compte tenu de la mauvaise performance du titre en Bourse et des perspectives moroses du secteur qui pénalisent la valeur de ses actifs, ont précisé les sources.

Depuis le début de l’année, l’action d’Alcatel accuse un recul de 28% de son titre en Bourse, ce qui a fait reculer sa capitalisation boursière à environ deux milliards d’euros et pourrait se solder par une sortie du titre du CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris.

TARDIF

“La réunion du conseil passera en revue les premières conclusions de la revue des activités et de la structure organisationnelle”, a expliqué l’une des sources.

“Ils se rendent compte que cela aurait du être fait depuis longtemps, surtout depuis que NSN (NDLR le concurrent Nokia Siemens Network ) a frappé un grand coup en matière de restructuration. Ils réalisent qu’ils doivent se montrer beaucoup plus agressifs en matière d’ajustement de leur structure de coûts”.

Alcatel n’a pas souhaité faire de commentaires.

Sous la direction de Ben Verwaayen, le groupe a déjà singulièrement réduit son offre de produits et diminué ses coûts d’environ un milliard d’euros, ce qui a redonné espoir aux investisseurs et dopé le titre pendant six mois l’an dernier.

Mais l’optimisme a été de courte durée, Alcatel ayant été victime en fin d’année dernière du recul des investissements de ses clients opérateurs télécoms, en particulier en Europe.

A la fin du deuxième trimestre de cette année qui s’est soldé par une perte opérationnelle, Ben Verwaayen a annoncé un nouveau plan de réductions de coûts de 1,25 milliard d’euros, prévoyant le désengagement de contrats ou de marchés jugés non rentables ainsi que la suppression de près de 7% des effectifs.

Certains analystes sont toutefois restés sceptiques, estimant que le plan n’allait sans doute pas assez loin pour résoudre les fragilités structurelles d’un groupe plus petit que ses principaux concurrents avec une gamme de produits trop large et une consommation de cash trop rapide.

NSN avait lui choisi l’option radicale en supprimant 25% de ses effectifs et en abandonnant de nombreux produits pour se concentrer sur le haut débit mobile.

DISCUSSIONS AVEC LES CRÉANCIERS

Alcatel, qui est présent dans 130 pays, n’a pas encore communiqué la répartition géographique des suppressions de postes, indiquant seulement que les structures de direction seraient simplifiées et la recherche et développement épargnée.

Plusieurs sources ont indiqué que des sites seraient fermés et que des effectifs seraient réduits voire ramenés à une seule personne dans les pays les plus petits.

“Avec le temps, ils se sont implantés dans 130 pays mais la réalité du monde des télécoms est que 80% des dépenses se font dans les 20 à 25 principaux comptes”, a dit l’une d’elles.

Tout en travaillant sur ses coûts, Alcatel discute également avec ses créanciers sur une nouvelle facilité de crédit. Bien que le groupe ait un matelas confortable de 2,9 milliards d’euros de cash, il compte 4,85 milliards d’euros de dettes.

En avril, une partie de sa facilité de crédit rechargeable à cinq ans d’un montant de 1,4 milliard d’euros est arrivée à expiration, lui laissant 837 millions d’euros de disponibles.

Alcatel a indiqué poursuivre les discussions à ce sujet avec ses banques mais plusieurs sources ont rapporté que certains établissements se montraient hésitants au vu des incertitudes entourant la société.

Avec Christian Plumb et Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Michel Bélot

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