Les nouveaux MacBook, pari risqué et plutôt réussi d’Apple

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Avec sa toute dernière génération d’ordinateurs portables, commercialisée mardi 17 novembre, Apple s’aventure dans une zone dangereuse. A l’œil nu, ces MacBook paraissent identiques aux anciens, mais un bouleversement se cache sous leur capot : Apple a remplacé une pièce maîtresse, le processeur, qui détermine la rapidité et l’autonomie de l’ordinateur.

Apple a ainsi glissé une puce fabriquée par ses propres soins à la place du processeur d’Intel, un fabricant auquel elle faisait confiance depuis treize ans. Un choix risqué : l’immense majorité des logiciels pour Mac ne parle pas la langue de cette nouvelle puce M1, et ne comprend que celle des processeurs d’Intel.

Pari risqué

Microsoft, le concurrent direct d’Apple, a connu de gros déboires en tentant le même chambardement à deux reprises. Son récent ordinateur Surface Pro X, par exemple, a troqué son processeur Intel pour une puce proche de la M1 d’Apple, conçue elle aussi sur les plans du cabinet de conception anglais Arm. Mais cet ordinateur souffre de nombreux problèmes, comme l’ont relevé les médias technologiques, tel The Verge : de nombreux logiciels refusent de se lancer, d’autres souffrent de ralentissements handicapants.

Apple semble s’en tirer beaucoup mieux. La très grande majorité des logiciels fonctionnent bien, notent les journalistes qui ont pu tester ces nouveaux MacBook, de la suite bureautique Office aux logiciels de création numérique d’Adobe. Le secret de cette réussite tient au traducteur automatique conçu par Apple, qui convertit la langue d’Intel dans le langage informatique du M1. Ce traducteur porte le nom de Rosetta 2, en référence à la pierre de Rosette, la stèle égyptienne frappée d’un texte en trois langages qui a aidé à déchiffrer les hiéroglyphes.

Ce traducteur n’est hélas pas parfait. Selon le site spécialisé Cnet, quelques jeux 3D tournant sur les anciens MacBook refusent de s’ouvrir, tels Baldur’s Gate 3. Les rayonnages de la boutique de jeux vidéo Steam connaissent, eux, des ralentissements. Un petit contingent de logiciels professionnels ne fonctionnent pas, selon leurs éditeurs mêmes, tels Cheetah 3D, un programme de création 3D, ou Fruity Loops Studio, un populaire éditeur de rythmes musicaux. Quelques-uns tournent un peu plus lentement, comme Photoshop, chronométré par le site 01net à des vitesses plus lentes sur certains calculs. Dans bien des cas, les éditeurs travaillent actuellement à des correctifs qui arriveront dans les prochains mois.

Une vraie journée d’autonomie

Pourquoi Apple s’est-il lancé dans cette aventure risquée malgré les essais infructueux de Microsoft ? Car les processeurs d’Intel accumulent un retard important. Les premiers tests des médias américains montrent la nette supériorité du processeur d’Apple. Les MacBook à processeur M1 sont bien plus endurants que les anciens modèles à puce Intel, leur batterie tient environ 50 % plus longtemps. Leur autonomie, mesurée par le média technologique PC Mag, se hisse à un niveau qu’aucun PC ou presque n’a jamais atteint, soit entre dix et vingt heures.

En outre, la puce M1 est souvent plus rapide lorsqu’on la compare à un processeur Intel de gamme équivalente. Pour les utilisateurs qui jonglent entre la bureautique et la messagerie, la différence n’est pas flagrante – on note surtout que certaines applications s’ouvrent plus vite. En revanche, pour les utilisateurs de logiciels de calcul ou de création, l’amélioration est souvent sensible.

Cnet souligne qu’il devient possible de monter des vidéos 4K sans souffrir de grosses saccades, tandis que 01net mesure une accélération d’environ 50 % sur les calculs de rendu vidéo. Notons que l’écart est beaucoup moins spectaculaire lorsqu’on compare le M1 aux processeurs les plus rapides d’Intel, comme le i9, qui équipe encore aujourd’hui le coûteux MacBook Pro à grand écran 16 pouces.

Apple a également incité les concepteurs des logiciels Mac à les rendre bilingues, afin qu’ils puissent parler le langage du processeur M1 comme celui d’Intel, ce qui les exempterait de traducteur. Par exemple, le logiciel de retouche d’images Photoshop en version bilingue – ou « Universal App » – est attendu pour début 2021. Lorsqu’ils parleront dans la langue Apple, ces logiciels se mettront à fonctionner plus vite et consommeront moins de batterie.

Un peu de patience

Côté jeux, l’amélioration est spectaculaire, comme le constate PC Mag. Les performances graphiques des MacBook augmentent d’environ 50 %, ce qui leur permet de faire tourner avec fluidité les jeux moyennement gourmands. Les PC pour joueurs n’ont toutefois pas à s’inquiéter : une carte graphique de moyenne gamme comme la Geforce 1660 Ti reste nettement plus rapide que la puce graphique intégrée au processeur M1 d’Apple.

Malgré l’accueil enthousiaste qu’a réservé la presse spécialisée à ces nouveaux ordinateurs, mieux vaut toutefois attendre quelques mois avant de sauter le pas : cela laissera probablement le temps aux rares bugs de disparaître dans leur majorité. Un conseil qui ne suffira probablement pas pour les personnes utilisant des logiciels anciens, et qui y tiennent beaucoup ; il faudra alors bien se renseigner sur leur compatibilité avant de se lancer.

Le passage au processeur M1 maison est une démonstration de force qui a de quoi inquiéter les concurrents d’Apple. Heureusement pour les grands noms du PC, les MacBook coûtent toujours très cher et leur logithèque reste moins riche.

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