Quand Apple communique sur ses arrière-cuisines

Author:

Article réservé aux abonnés

En 2018 Apple a vendu 217 millions d’iPhone et 43 millions d’iPad, produits grâce à des fournisseurs issus de trente pays. JUSTIN SULLIVAN / AFP

« Nous plaçons la barre de plus en plus haut pour nous-mêmes et nos fournisseurs, parce que nous nous engageons envers les personnes qui rendent nos produits possibles, mais aussi en faveur de la planète, que nous partageons tous. »

C’est ainsi que Jeff Williams, le chief operating officer [directeur des opérations] d’Apple, résume l’esprit de l’entreprise, dans le communiqué de publication de son rapport annuel sur la responsabilité des fournisseurs, paru le 6 mars. Dans le domaine hautement délicat de la gestion des sous-traitants, la firme de Cupertino (Californie) se veut à l’avant-garde.

Derrière les bijoux numériques du groupe se trouvent des usines chinoises où les conditions de travail sont difficiles

Mais pourquoi communiquer sur ses arrière-cuisines, au risque de rappeler que, derrière ses bijoux numériques au design épuré se trouvent des usines chinoises où les conditions de travail sont difficiles, des minerais rares issus de zones de guerre et des tonnes de dioxyde de carbone (CO2) rejetées dans l’atmosphère ?

Face à ce dilemme bien connu des multinationales, Apple pense avoir plus à perdre en ne faisant pas preuve d’initiative. Il est vrai qu’en 2018 l’entreprise a vendu 217 millions d’iPhone et 43 millions d’iPad, produits grâce à des fournisseurs issus de trente pays et aux usines chinoises de Foxconn, Pegatron ou Jabil.

Plusieurs scandales

La revendication d’une « politique des fournisseurs » est un marqueur du mandat de l’actuel PDG, Tim Cook, nommé en août 2011, peu avant la mort du fondateur tutélaire, Steve Jobs. Le discret ingénieur aime raconter qu’il a travaillé dans une papeterie de son Alabama natal ou une usine d’aluminium de Virginie.

Un discours de terrain qui répond aussi à plusieurs scandales ayant éclaboussé le secteur électronique et Apple en 2010-2011 : une vague d’une dizaine de ­suicides avait touché une usine chinoise de Foxconn et des ONG locales avaient dénoncé une ­pollution causée par des sous-traitants…

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Apple City », la face sauvage de l’urbanisation chinoise

Instruit par l’expérience, Apple se présente aujourd’hui comme un acteur responsable de sa chaîne de production. Qu’en est-il réellement ? Le tableau est moins rose – ou vert – que celui dépeint par la firme à la pomme, notamment dans le domaine du droit du travail en Chine, selon les ONG. Toutefois, elles reconnaissent qu’Apple est en avance par rapport à d’autres entreprises dans la gestion des minéraux issus de zones de guerre ou la réduction de l’impact énergétique, même si beaucoup reste à faire.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *