Les dessous de la cyberdéfense en France

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La France se dote officiellement de cyberarmes pour mener la guerre informatique de façon offensive. Futura a assisté au discours de la ministre des Armées au sujet de ces nouveaux armements qui resteront secrets.

« La guerre Cyber a commencé et la France doit être prête à combattre », c’est par cette phrase anxiogène que la ministre des Armées Florence Parly a débuté vendredi au ministère des Armées un discours à portée internationale sur la doctrine militaire de lutte informatique offensive française. Devant un parterre de hauts-gradés et de personnalités civiles, la ministre a brossé le portrait des attaques majeures passées et actuelles. Ainsi, en 2017, la France aurait essuyé pas moins de 700 cyberattaques dont une centaine auraient visé directement les ministères. En 2018, ce chiffre aurait été atteint dès septembre. Les menaces proviennent de hackers isolés, de groupes organisés ou encore d’États. L’arme « cyber » sert à des fins d’espionnage, pour mieux manipuler, saboter, déstabiliser.

En prenant les exemples de l’Ukraine ou encore de l’Iran, où les cyberattaques ont engendré la neutralisation d’infrastructures physiques essentielles et des dommages à l’économie dans le cas précis de NotPetya, la ministre a souligné que les attaques destructives ne sont pas encore vraiment arrivées en France, mais que ce n’est qu’une question de temps. Elle s’inquiète désormais des ravages que pourraient faire des cyberattaques menées à renfort d’intelligence artificielle.

Nous n’avons pas peur d’utiliser ces cyberarmes

Pour les militaires, la meilleure arme est celle qui a la plus grande portée et qui permet de servir de couverture aux autres pour en exploiter le potentiel. C’est exactement ce que permettent les cyberarmes. Et c’est pour cette raison que la ministre, puis le chef d’état-major, le général Lecointre ont dévoilé publiquement le potentiel offensif des cyberarmes françaises. Il s’agissait de faire passer le message à « certains », qu’en cas d’attaque, la France serait prête à riposter par les moyens de son choix au moment voulu, mais toujours dans le respect du droit.

Pour le chef de l’état-major, en tirant profit des failles des systèmes ennemis, la lutte informatique offensive peut être un formidable démultiplicateur d’effets pour la guerre conventionnelle. Le militaire a ensuite souligné que ces cyberarmes vont se retrouver intégrées dans les opérations extérieures menées par la France. Elles ont pour objectif le renseignement, la tromperie en modifiant la capacité d’analyse de l’ennemi et la neutralisation des capacités militaires adverses et de leur système de commandement. Pas question bien entendu d’en dire trop pour pouvoir maintenir la supériorité. Sur ces armes secrètes, aucune précision n’aura donc fuité.  

L’union fait la cyberforce

Autre point abordé : la vulnérabilité. Les militaires ont constaté que plus l’armée renforce ses pare-feux et plus les entreprises qui gravitent autour d’elle sont menacées. Pour éviter les vulnérabilités, la chaîne de cyberdéfense se fera désormais de bout en bout. Elle sera menée aussi bien auprès des armées, des sociétés de maintenance et des industriels liés de près ou de loin à l’armée. De même, cette coopération de bout en bout doit se faire au niveau des alliés (Otan, Europe). Mais pour le moment la difficulté pour les militaires repose sur le recrutement de 1.000 cybercombattants supplémentaires à l’horizon 2025. Des spécialistes dotés à la fois de l’expertise technique, de l’esprit d’analyse et du savoir-être militaire. À bon entendeur…

  • L’armée française se dote d’une véritable doctrine militaire de lutte informatique de type offensive.
  • Elle vient renforcer la lutte défensive déjà mise en place.
  • La cyberarme va désormais faire partie intégrante des champs de bataille.

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