La France ne veut pas d’accord a minima avec Google

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PARIS (Reuters) – La France n’acceptera pas un “accord a minima” avec Google à l’échelle européenne et souhaite que Bruxelles “relâche la pression” sur les opérateurs téléphoniques afin qu’ils s’affranchissent de leur statut de “Lilliputiens” face au “Gulliver” de l’Internet, a déclaré jeudi Arnaud Montebourg.

Invité d”‘Open Internet Project”, un collectif d’acteurs du numérique français et allemands qui luttent contre le géant américain de l’internet, le ministre français de l’Economie a réaffirmé la nécessité d’un cadre de régulation européen garantissant une concurrence équitable.

“Nous allons dans les mois qui viennent mettre (le sujet) sur la table des discussions européennes”, a-t-il déclaré, s’élevant contre toute forme de monopole.

“L’Europe doit y mettre fin en éditant une loi commune”, a-t-il poursuivi, précisant par ailleurs que “la France (…) n’accepterait pas un accord a minima avec Google.”

L’Union européenne a lancé une enquête en novembre 2010 à la suite de plaintes d’une dizaine d’entreprises européennes qui accusent le géant de l’Internet de favoriser ses propres services à leurs dépens, via son moteur de recherche.

Google a proposé en février de nouvelles concessions accueillies favorablement par la Commission, avec l’espoir de ne pas avoir à s’acquitter d’une amende qui pourrait aller jusqu’à cinq milliards de dollars (3,64 milliards d’euros).

L’Open Internet Project accuse toutefois Google de s’être rendu coupable de “nouveaux faits anticoncurrentiels (…) qui attestent de ses abus de position dominante” et a déposé une nouvelle plainte devant la Commission.

“L’OIP considère que le troisième paquet de propositions avancé par Google est insuffisant et qu’il renforcerait encore davantage sa position dominante”, dit un communiqué sur son site internet (www.openinternetproject.net).

Jugeant les instances européennes “excessivement timides” sur ce chapitre, Arnaud Montebourg a exhorté la Commission à “relâcher la pression” sur les opérateurs des télécoms.

“Affaiblir nos acteurs du numérique, c’est renforcer le monopole des autres”, a-t-il estimé.

“Les opérateurs de télécoms, en quelque sorte, sont les Lilliputiens dans ce monde de l’Internet, qui se battent d’ailleurs entre eux pendant que les Gulliver de l’Internet s’installent”, a-t-il dit.

Le ministre a répété au passage qu’il poursuivrait son combat – “j’espère bien y arriver”, a-t-il dit – pour le retour à trois opérateurs en France.

Il faut, a-t-il insisté, “placer les opérateurs (…) dans une position plus forte dans la chaîne numérique pour qu’ils puissent être les vaisseaux amiraux de la construction d’alternatives” face aux plates-formes mondiales.

“Vive l’Internet ouvert, vive l’Europe numérique, vive l’Union des forces européennes pour un numérique libre!”, a-t-il conclu après avoir comparé ses hôtes à des “Gandhi” face aux “nouvelles compagnies orientales” de l’Internet.

(Sophie Louet, avec Gregory Blachier, édité par Yves Clarisse)

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