Ce “Made in USA” qui n’a jamais marché pour Apple

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Investissements dans l’emploi, dans les centres de données… Apple la semaine dernière a annoncé qu’elle visait la création de 20 000 nouveaux emplois sur le sol américain à l’horizon 2023.

Toutefois, nulle part dans son communiqué elle ne parle d’emplois spécifiquement liés à la fabrication et à l’assemblage de ses produits. Aucun de ses partenaires, à qui elle confie ces tâches, ne s’est non plus engagé à le faire aux États-Unis (lire Taxe sur les importations chinoises : la délocalisation de la production de l’iPhone envisagée).

L’usine américaine du Mac, en 1984. Crédit : NY Times/T.McCarthy

Le New York Times s’est replongé dans la période où Steve Jobs, fasciné à la fois par Henry Ford et par l’excellence japonaise dans les méthodes de fabrication, avait rêvé de faire fabriquer ses ordinateurs aux États-Unis et en Californie.

Il y eu l’usine de Frémont, près de San Francisco, construite en 1983 en prévision du Macintosh. Une installation moderne mais qui ferma ses portes 5 ans plus tard, notamment parce que le Mac ne se vendit pas aussi bien qu’escompté, et parce que les techniques d’assemblages n’étaient pas aussi huilées qu’espéré.

Jobs répéta l’expérience avec NeXT, en 1990, et une autre usine, toujours en Californie. Mais les stations NeXT se vendirent encore moins. Deux exemples qui rappellent le cas du Mac Pro, échec commercial et qui lui aussi était (est ?) fabriqué en Amérique du Nord.

Avec l’embauche de Tim Cook, spécialiste dans le “faire fabriquer”, Apple passa à la vitesse supérieure dans sa politique de sous-traitance vers l’Asie. L’iPod fut le premier produit véritablement de masse pour Apple, l’article cite Tony Fadell : « Au début de ma carrière, je ne prenais l’avion que pour aller au Japon. Puis tous mes vols sont allés vers la Corée, puis Taïwan, et enfin la Chine ».

La Californie, berceau américain de la haute-technologie, n’est pas outillée pour la fabrication à grande échelle, « elle n’a pas la culture, au niveau de l’éducation, de l’apprentissage, des sous-traitants » déclare Jean-Louis Gassée qui a vécu l’échec de l’usine américaine du premier Mac. La Californie est plutôt une terre de fabrication à petite échelle, pour le prototypage de produits.

Tim Cook n’avait pas dit autre chose il y a deux ans, en parlant des efforts énormes consentis par la Chine pour devenir l’usine du monde et à côté de laquelle les Etats-Unis font pâle figure. Ramener la production en Amérique — au sens large du pays, pas spécifiquement en Californie — cela signifie déplacer une myriade d’acteurs qui entourent les gros assembleurs d’Apple, souligne un ancien designer produit pour les portables de la Pomme. S’adjoindre les services de quelques fournisseurs américains, spécialisés dans tel ou tel composant oui, mais leur faire fabriquer ou assembler un produit dans son entier, non.

La Californie est restée une zone fertile pour la technologie et elle n’a certainement pas souffert de perdre les activités de production, conclut le New York Times, elle demeure un épicentre pour la création et la conception de services et de produits, qui seront fabriqués ailleurs. Il demeure une exception avec l’Irlande où sont assemblés des iMac personnalisés par leurs clients, pour limiter les coûts de transports, eu égard au poids de la machine.

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